• Fin décembre 1916-1917 : un secteur secondaire

    Globalement, l'activité allemande devant Verdun s'apaise un moment après l'opération française des 15-16 décembre. Si la situation demeure « calme »pour plusieurs mois sur la rive gauche de la Meuse, ce n'est pas le cas sur la rive droite. Certes, la région de Bezonvaux n'est plus caractérisée par des engagements majeurs ; pour autant, la tranquillité est loin d'y régner : initialement, une opération est attendue de la part d'un adversaire favorisé par sa situation dominante au Nord et ses lignes s'appuyant sur d'anciens retranchements ; aussi, dans les jours suivant le 15, l'artillerie française exécute des tirs sur les lignes allemandes et les regroupements ; en retour, l'artillerie allemande bombarde énergiquement les concentrations de celle d'en face. Même si le secteur reste animé, aucune tentative allemande importante n'a lieu avant le début de mars 1917. En tout état de cause, les divisions qui montent en ligne dans ce secteur ne sont pas, d'une manière générale, des unités de faible valeur : au contraire, on y relève beaucoup d'unités classées parmi les meilleures.

     Bezonvaux 1917-1918 : La guerre continue

    Secteur de Bezonvaux : les quartiers Marceau, Hassoule et Chauny ; le quartier village, la partie orientale du quartier Chauny et le quartier Fort ne figurent pas sur ce plan. 

    LES EVENEMENTS JUSQU'EN AOÛT 1917

    A la fin de l'année 1916, Bezonvaux n'est plus dans l'ensemble qu'un amas de pierres, de poutres et de tuiles ; toutefois, des pans de murs effrités par la mitraille se dressent encore ; quelques constructions fortement endommagées et sans toitures sont encore debout, notamment l'église : ce qui reste de son clocher est encore identifiable. Pour les Français, le village est à peu près au centre du secteur portant son nom et couvrant la zone allant des Chambrettes à Vaux, avec des variations des délimitations suivant les périodes. II est organisé en sous-secteurs appelés quartiers. L'intérêt de cette étude est concentré sur la zone constituant le coeur du secteur : les quartiers Hassoule, avec le ravin d'Hassoule et le bois des Caurrières (celui-ci est hors de la limite communale de Bezonvaux, mais en bordure de celle-ci), et (Bezonvaux-)Village. De chaque côté se trouvent des quartiers pas toujours inclus dans le secteur de Bezonvaux et n'entrant pas dans le cadre de cette étude : au Nord-Ouest Marceau, au Sud Chauny (correspondant au massif d'Hardaumont) et Fort. Au nord et nord-ouest de la localité, il y a une position française continue, la première ligne allemande se situant à une centaine de mètres en face. De là, elle va longer la lisière nord du bois des Caurrières pour aller englober la ferme des Chambrettes. Autour de Bezonvaux et à l'ouest de la route Ornes-Damloup, le front n'est pas hermétiquement tenu. Il est composé de petits postes organisés sur trois lignes dans la profondeur, en profitant du terrain qui s'élève du Nord¬Est au Sud-Ouest ou d'Est en Ouest. La ferme de Méraucourt, en ruines, est considérée comme étant dans une zone abandonnée aux Allemands ; en fait, elle est dans le no man's land, le dispositif allemand se situant à hauteur de la voie métrique. En tout état de cause, les positions conquises par les Français constituent un secteur difficile à organiser, le terrain ayant été transformé en un véritable champ d'entonnoirs et les communications vers l'arrière étant très précaires. Les divisions françaises qui ont mené l'attaque des 15-16 décembre ont éprouvé des pertes et sont fatiguées, d'abord par le combat, ensuite par les travaux d'organisation des restes de tranchées conquises qu'il a fallu réaliser immédiatement. La pluie persistante et l'abaissement de la température qui provoque des gelures des pieds rendent indispensables leur prompte relève. Ne sont immédiatement disponibles que les unités ayant participé à l'opération en 2' ligne. La fin de décembre 1916 et le mois suivant sont donc consacrés à l'aménagement des positions, en dépit des conditions météorologiques défavorables. La 6 D.I. avait pour mission, pendant l'attaque, de dépasser si nécessaire la 133 D.I. ou de la relever quand elle aurait atteint ses objectifs : l'attaque ayant réussi, c'est la seconde hypothèse qui est réalisée à partir du 16 au soir. La 214 brigade est remplacée par la 12e. Elle occupe les nouvelles positions qu'elle doit organiser, tout en subissant les réactions de l'adversaire et en tenant contre tout retour offensif : le 119 R.I. relève des éléments du 321 R.I. et du 102e B.C.P. qui viennent de s'emparer de Bezonvaux. L'opération est peu aisée, car il y a peu ou pas de tranchées. Les bataillons sont disposés en profondeur : le 2 est retranché sur les lisières nord de l'agglomération ; les deux autres occupent plus en arrière d'anciennes tranchées allemandes presque entièrement nivelées et sans abris. Les réactions brutales de l'artillerie allemande lui causent des pertes sérieuses. Le 17, le 5 R.I. occupe un secteur agité, qu'il va défendre jusqu'au 12 janvier 1917, où il brisera plusieurs contre-attaques allemandes et amènagera le terrain qu'il tient. La relève de la 133 D.I. par la 6 s'achève dans la nuit du 18 au 19 décembre. La 37 D.I. est remplacée par la 21 D.I. dans la nuit du 17 au 18 décembre. Le 137 R.I., qui renforçait la 37 D.I., reste dans la zone bois des Caurrières-tranchées de Deux-Ponts, de Kaiserslautern et de la Chartonne. Le 18, dans le même secteur Bezonvaux-bois des Caurrières, le 65 R.I. relève des troupes qui ont attaqué les 15-16. Ce régiment est surpris par la rigueur de la température, l'absence totale d'organisation de ce secteur, le terrain chaotique et bouleversé. Son séjour en ligne va être pénible tant par les pertes que par les souffrances physiques. Il sera relevé le 11 janvier. Quant au 401 R.I., il l'est dans la nuit du 18 au 19 par le 28 R.I. Quelques jours après la bataille du 15 décembre 1916, la 154 D.I. va occuper le secteur des Caurrières et du Fond des Rousses : mise en ligne le 26 à la place de la 21e D.I., elle sera remplacée le 19 janvier 1917. Elle y subit toutes les réactions qui suivent l'opération : bombardements, contre-attaques incessantes qui partent du bois de Chaume et auxquelles elle résiste. Au sein de cette division, le 413e R.I. en réserve au moment de l'attaque des 15-16 décembre tient le front Bezonvaux-Caurrières pendant trois semaines (il quittera Verdun entre le 17 et le 19 janvier 1917). Cette période est très pénible : le froid, la boue et des bombardements incessants dans ce secteur inorganisé lui causent des pertes importantes (1 000 hommes environ), à la mesure de celles occasionnées dans toute la division.Au cours de cet hiver, c'est donc le sort commun de toutes les unités installées dans les tranchées du secteur Bezonvaux-bois des Caurrières de souffrir énormément des conditions climatiques ; Jean Norton Cru en porte témoignage pour la 133e D.L29 qui est à nouveau en ligne du 10 janvier au 8/9 février 1917 :

    « Vers le 10 janvier 1917, la 133 division où j'étais sergent chef de section prend à Verdun un secteur entre Bezonvaux et la ferme des Chambrettes, terrain conquis par elle 25 jours auparavant ... au cours de six jours en ligne je perdis ma section entière, un quart des hommes étant tués ou blessés, les trois-quarts évacués pour gelure ... On réparait, avec largesse, mais la division précédente restait démolie et la nôtre l'était déjà à moitié à la première relève ».

    Une anecdote : le 3 janvier, un Allemand de la 14.I.D. se rend au 414 R.I. dans le bois d'Hassoule. Il est resté caché dans un abri pendant 18 jours, jusqu'à épuisement de ses vivres. Le 11 janvier, avec l'arrivée depuis la veille de la 133 D.I., le 119 R.I. est relevé du quartier Village qu'il tient depuis le 16 décembre 1916. L'occupation du terrain a été pénible et le ravitaillement est difficile. Le temps particulièrement pluvieux et froid a été la cause de nombreuses évacuations pour pieds gelés. Pendant ces 25 jours, le régiment a organisé la défense sous un bombardement violent et systématique qui lui a causé des pertes. En particulier, le 2 bataillon est cité pour avoir organisé en une semaine à compter du 16 décembre un point d'appui suffisamment solide, avant d'être relevé par un autre bataillon du 119e. Le lendemain, pour la même raison, le 24 R.I. qui tient depuis la mi-décembre le quartier au nord de l'étang de Vaux, sur le plateau d'Hardaumont, estrelevé. Au cours de la période écoulée, il a effectué des patrouilles jusqu'à la voie métrique, vers le bois de la Plume, pour chercher le contact avec les Allemands qui, dans ce coin, demeurent invisibles. A cette date, le 321e R.I. est en ligne dans la partie ouest de son secteur d'attaque du 15 décembre, la zone d'Hassoule. Une épaisse couche de neige couvre le sol. Un bataillon est accroché aux pentes nord du Fond des Rousses, un autre est en soutien, échelonné sur le plateau entre le Fond du Loup et le ravin d'Hassoule (le 3 bataillon est en réserve à Belleray). Les compagnies de première ligne sont mal protégées contre le froid, de jour en jour plus rigoureux. D'un emplacement situé au nord de la tranchée Bochemar, les lance-mines allemands harcèlent les positions adverses. L'artillerie allemande, très active, arrose sans répit, au moyen d'obus toxiques, le Fond des Rousses, le plateau au sud et le ravin de la Fausse-Côte. Il y a des combats à la grenade, en particulier à la Barricade (un poste d'écoute placé à quelques mètres de la première ligne allemande, au nord-ouest de Bezonvaux). Les pertes sont importantes : six sous-lieutenants sont tués successivement. En dépit de la fréquence des relèves intérieures, les gelures de pieds aggravent fortement les pertes par le feu. Lorsque le régiment quitte le secteur le 9 février, après un séjour de presque un mois, il a payé un lourd tribut. Le 14 janvier, le 28 R.I. est relevé du secteur qu'il occupe : ouvrages de Bezonvaux et d'Hardaumont, ravins du Pré-Sud, du Muguet et de la Plume. Le 401 R.I. qu'il avait remplacé le 16 décembre 1916 s'était établi en fin de progression dans les entonnoirs creusés par les obus, alors que les projectiles allemands continuaient de s'acharner sur l'ouvrage d'Hardaumont. Le 28e R.I. avait dû organiser ce chaos : cette tâche avait nécessité de nombreuses corvées, effectuées dans la boue, dans la neige au cours du mois de janvier et sous les bombardements. Par relèves, les bataillons avaient effectué des séjours un peu en arrière, dans des abris souterrains creusés par les Allemands dans le ravin de la Plume et formant, selon l'appellation française, le camp de Cologne. A Hardaumont, c'est le 32 B.C.P. qui succède au 28 R.I. Revenant à Verdun pour occuper et organiser ce secteur, il y connaît la neige, le gel, les ravitaillements pénibles et aléatoires, les travaux épuisants. Ensuite, à sa troisième montée en ligne, il remplit la même mission dans le secteur de Bezonvaux : les conditions sont alors plus dures que celles endurées dans celui d'Hardaumont. Au cours de cette période, une patrouille de reconnaissance effectuée par deux chasseurs permet la capture d'un prisonnier dans un réseau de fils de fer en avant des lignes allemandes. L'historique de l'unité mentionne un seul tué à Bezonvaux (sans date). Le 17 janvier, la 126e D.I. monte en ligne entre la ferme des Chambrettes et le bois des Caurrières (inclus), à gauche de la 133e D.I. ; elle va y rester jusqu'en mars. Son 255 R.I. tient ce bois et, le lendemain, son 112 R.I. occupe les tranchées en avant de celui-ci qui est toujours un secteur de combat et pas encore un véritable secteur de défensif. Il doit donc fournir un travail sérieux. Toutefois, l'artillerie allemande rend pénible l'organisation du terrain et les aménagements sont presque entièrement détruits au fur et à mesure de leur réalisation. Le ravitaillement des premières lignes est difficile. Le 20, un petit poste de la 1ere/112e R.I. est enlevé à 18 heures et les assaillants arrivent jusqu'à la seconde tranchée. Une contre-attaque les rejette. Le 21, après un bombardement, une nouvelle tentative se produit mais échoue. Cette activité entraîne des pertes pour ce régiment : 141 hommes dont 24 tués rien que la période du 18 au 26. Le 30, deux jours avant d'installer son P.C. aux Carrières-Sud, le chef d'escadron Alexis Callies 3 commandant le 1/58e R.A.C., écrit ce qui suit dans ses carnets de guerre à propos de la 133e D.I. :

    « Mardi 30 janvier (1917) La division qui occupe notre secteur, La Gauloise (ancienne division Passaga, commandée par le général Valentin) s'enorgueillit d'être division d'attaque et d'avoir la fourragère. Aussi rechigne-t-elle au travail et le secteur est-il remarquable comme inorganisation. C'est charmant pour les camarades qui prennent la suite. Elle envisage du reste froidement la possibilité d'un repli sur la ligne d'artillerie en cas d'attaque allemande ... ».

    Du côté des Allemands précisément, les deux divisions disponibles alertées le 15 au soir et deux autres remplacent les cinq attaquées. Leur mission n'est pas de contre-attaquer, mais simplement de tenir la ligne sur laquelle ces dernières se sont retirées. Pour monter une contre-offensive dans le prolongement des événements, les divisions relevantes auraient besoin de disposer d'une artillerie intacte et installée, ce qui n'est pas le cas le 16. Au cours de la période fin décembre 1916-janvier 1917, leur situation n'est pas meilleure que celles de leurs adversaires même si une certaine agressivité se manifeste de leur part alors qu'ils cherchent simultanément à améliorer leurs défenses. En effet, le terrain occupé est défavorable : il est bouleversé, troué de cratères pleins d'eau, et les éléments de tranchée sont peu profonds. A l'avant, il est impossible d'aménager des abris et, comme il pleut en permanence (en janvier, il neige et la contrée est recouverte d'un tapis blanc), les hommes restent les pieds dans l'eau et la boue : celles-ci parviennent à passer par dessus les bords des bottes en raison du manque de consistance dans lequel elles s'enfoncent. Les déplacements sont également très pénibles. Bien sûr, beaucoup souffrent de gelures aux pieds et les évacuations sont nombreuses. Une partie particulièrement dangereuse de la première ligne allemande est la « sape de Bezonvaux » (Bezonvaux-Sappe), saillant constitué par un tronçon de tranchée creusé à l'emplacement d'un ancien cheminement servant pour les liaisons. Ce saillant est situé au nord de Bezonvaux, à une distance d'environ 500 mètres du village auquel sont adossées les positions françaises. Ses ruines sont transformées en un point d'appui, avec des barricades pour bloquer les rues ; en particulier, une barricade à l'Est constitue un objectif pour les patrouilles allemandes. L'infanterie française est jugée peu active ; en revanche, son artillerie se manifeste en permanence. Pour couronner le tout, l'alimentation laisse à désirer ; les rations sont mesurées et il n'y a plus de supplément. La viande, les portions de gras et les pommes de terre deviennent rares ; en revanche, les légumes secs et l'orge perlé sont fréquents. Il arrive que, pour améliorer l'ordinaire, les cuisiniers prélèvent des morceaux sur les carcasses de chevaux tués dans les environs d'Ornes. En outre, comme le ravitaillement en eau est difficile, les hommes s'en procurent en en recueillant dans les trous d'obus ou en faisant fondre la neige. Il s'ensuit que certains contractent des affections intestinales. Le 17 décembre 1916, la 21.R.D. est au nord de Bezonvaux ; son R.I.R. 80 est au nord-est du village, au sud de la route Ornes-Maucourt, en liaison avec l'I.R. 14 de la division voisine qui est à l'est de Bezonvaux. Celle-ci (la 4.I.D.) se tient à l'est de la route Ornes-Damloup, son front étant matérialisé par la voie métrique passant à l'est de Bezonvaux. Elle reste dans ce secteur jusqu'en avril 1917. .Quant au I./E.Fda.R. 45, ses batteries sont entre-temps amenées jusqu'à Senon et Haucourt-la-Rigole, dotées de nouvelles pièces et réengagées. Elles prennent position au nord de Maucourt, à hauteur du bois des Hayes et dans celui du Breuil. Le 20, la 10.E.D. prend le secteur Ornes-Bezonvaux, entre la route Ornes-Bezonvaux et le bois des Caurrières, où elle reste jusqu'au 19 avril 1917. Dans chaque régiment, deux bataillons sont en ligne, une partie des compagnies dans les premières positions, le reste en soutien un peu en arrière. Les relèves ont lieu tous les quatre jours. Autant que cela est possible, des améliorations sont apportées aux positions. Dans le secteur de l'I.R. 370 subsistent d'anciens emplacements de batteries lourdes et deux canons sont encore en place. A la gauche de la 10.E.D., vers l'Est, se trouve la 192.I.D. qui alterne avec la 4.I.D. ; à la différence de la région plus à l'Ouest, ce secteur situé dans la plaine de la Woëvre et dominé par les Hauts-de-Meuse est sauf exceptions peu actif, comme le montre cette appréciation des services français de renseignement :

    « La 192 D. est restée plus d'une année dans un secteur parfaitement calme (Est de Bezonvaux, décembre 1916-décembre 1917) ... La 192 D. se fixe, en décembre, à l'Est de Bezonvaux ... Elle occupe ce secteur jusqu'en décembre 1917, en gardant pendant cette longue période une attitude entièrement passive ».

    Le 22 décembre, dans des circonstances mal établies, une batterie lourde allemande procède à des tirs courts qui tombent sur ses propres troupes, leur occasionnant des pertes. Le 5 janvier 1917, la compagnie d'assaut créée au sein de la 10.E.D. par prélèvements sur ses régiments, effectue un coup de main à droite de l'I.R. 370. Neuf Français appartenant à la 6 D.I. sont capturés. Le 10, une patrouille de la 4./I.R. 370 réussit à s'infiltrer dans les lignes françaises jusqu'au village de Bezonvaux. Elle est repérée et doit se replier en laissant deux tués. Le 23 est attestée la présence de 150 prisonniers français contraints à des travaux dans le secteur de ce régiment. II s'agit de représailles à l'emploi de prisonniers allemands dans les positions françaises. A compter de février, la région de Bezonvaux ne se calme pas. L'activité des adversaires se manifeste alternativement d'un côté puis de l'autre. Toutefois, les Allemands sont nettement plus agressifs que les Français. Le 4, le 173' R.I, qui tenait le secteur de la ferme des Chambrettes, passe au bois des Caurrières. Son séjour y est marqué par des bombardements d'une extrême violence par obus de gros calibres et projectiles de Minenwerfer. Faisant suite à ces bombardements, les Allemands effectuent quotidiennement des attaques et des coups de main : en dépit des pertes, le régiment repousse les assaillants et maintient ses positions. Le 5, un détachement de l'I.R. 370 conduit par un officier parvient jusqu'à la barricade à la sortie nord-est du village, engage un combat par le feu avec les Français et leur inflige des pertes. Le lendemain a lieu un coup de main allemand. Vers 13 h 30-13 h 45, 20 à 30 hommes exécute une action sur le petit poste du Verger de Bezonvaux, tenu par des chasseurs de la 133e D.I. L'opération réussit en dépit du barrage fourni par deux batteries du 1e`/58e R.A.C. jusqu'à 14 h 37 (700 coups) : un sergent, 1 caporal et 6 hommes sont enlevés. Le 10, cette division étant partie, le secteur Bezonvaux-Caurrières est pris en compte par le 12' R.I., qui alterne avec le 6e R.I. Un travail d'aménagement est entrepris, gêné par de violents bombardement d'obus et de projectiles d'engins de tranchées. Le régiment subira ultérieurement trois attaques (4 et 10 mars, 14 avril). Le 14 février, une patrouille de sous-officiers de 370 effectue une reconnaissance dans le « carré de haies"  (Heckenviereck) ; elle n'obtient aucun résultat alors qu'un obus lui tue un homme et blesse un autre. En dehors de ces deux faits, le mois est caractérisé par une activité intense de l'artillerie française. A cette époque, le temps est relativement doux et, en raison du dégel, des cadavres se découvrent partout. Le 16, un incident particulier est noté pour l'I.R. 370 : deux prisonniers russes échappés du champ de tir de Wahn, près de Cologne, sont repérés devant un réseau de barbelés, sur le front de ce régiment, alors qu'ils essaient de gagner les lignes françaises. L'un des deux est tué, l'autre capturé. Le 23, un petit poste du 6e R.I. subit un coup de main en plein jour. Les guetteurs se replient sur leur soutien et une contre-attaque immédiate, menée par une demi-section de la 7e compagnie, permet de réoccuper le poste. Puis, les trois jours suivants sont marqués par des reconnaissances allemandes qui tentent, en vain, de pénétrer dans Bezonvaux ; la 5e/6e R.I. leur interdit énergiquement l'accès. En particulier, dans la soirée du 24 se déroule un important coup de main contre le village. Il est opéré par une compagnie constituée avec des hommes choisis au sein du III.ILR.14 ; elle est renforcée par trois mitrailleuses. Après une courte préparation d'artillerie, jugée ultérieurement insuffisante, l'assaut est mené en deux vagues. Un premier réseau est franchi, mais l'attaque est bloquée devant un second resté intact. Les Français (selon les estimations allemandes, une ou deux compagnies avec quatre ou cinq mitrailleuses) ouvrent un feu nourri et lancent des grenades. Ils prennent de face et sur les deux flancs les assaillants. La seconde vague essaie de déborder par la gauche et de pénétrer à la lisière de la localité ; elle en est empêchée par un renfort français qui est engagé. Le commandant de la compagnie attaquante, reconnaissant qu'une pénétration plus avant est impossible, donne l'ordre de repli. Celui-ci, appuyé par les mitrailleuses, s'effectue convenablement et en emmenant six blessés : il n'y a pas d'autres pertes. Le mois de mars est relativement tranquille dans les environs immédiats de Bezonvaux. Pourtant des batteries de 58 ripostent aux Minenwerfer allemands et l'artillerie française demeure très active. Le 6e R.I. pousse ses travaux d'aménagement en réalisant différentes lignes de tranchées, en posant des réseaux et en creusant des boyaux qui commencent à permettre une circulation plus discrète et plus sûre. Ailleurs, c'est moins calme. Le 4, sur le front Bezonvaux-Chambrettes, les Allemands attaquent vers 16 h 30. Ils ont un double avantage : ils bénéficient d'une supériorité en artillerie ; de plus, ils sont servis par les places d'armes que constituent les bois de Chaume et des Fosses. Ils pénètrent dans la tranchée Bochemar, s'emparent de la première ligne française au nord du bois des Caurrières, y pénètrent jusqu'au poste du chef de bataillon et occupent la ferme des Chambrettes. Une contre-attaque française, effectuée le 5 au petit jour, rétablit la situation sans permettre la reprise de la tranchée Bochemar. Cette opération appelée du côté allemand « Petits Balkans » (Kleiner Balkan) implique deux divisions. L'objectif de la première (7.R.D.), en ligne dans le secteur Louvemont-ferme des Chambrettes, est d'observer ce qui se passe dans le ravin du bois des Fosses, de se renseigner sur les intentions futures des Français et de ramener des prisonniers. Pour l'autre grande unité (28.I.D.), il s'agit d'avoir des vues dans le Fond des Rousses et de capturer des prisonniers. Dans ce second secteur de l'opération, les forces allemandes engagées comprennent le I.fFüs.R.40, le II./Gr.R.109 et le III./Gr.R.110. Leur dotation est de 32 mitrailleuses, 24 lance-mines légers et 48 lance-grenades. Il y a en plus 150 pionniers des 2. et 3.fPi.Btl. 4 ainsi que la 4.f Pi.Btl. 30 (compagnie relevant directement de l'état¬major de la 5e armée). L'appui d'artillerie est donné par le Fda.R. 94 et le Fussart.R. 88 avec 2 batteries. La préparation comporte 70 000 coups. Les deux divisions remportent un succès : elles font entre 420 et 600 prisonniers, dont 1 ou 6 officiers, et récupèrent 16 mitrailleuses. Les pertes allemandes sont modérées : 36 morts et 112 blessés. A l'ouest de Bezonvaux, une division française, la 74e, a été très secouée par cette attaque. L'artillerie française soumet alors la 28.1.D., qui occupe les anciennes positions de son infanterie, à un bombardement violent. Le 5, des détachements du I.11.R. 370 en train de procéder à des travaux de terrassement sont surpris par un bombardement français : il y a 4 morts et 18 blessés dont 7 graves. Le 6, en réponse à un harcèlement constant de l'aile droite de l'I.R. 370 par .des crapouillots français depuis le début du mois, ceux-ci, dont l'emplacement a été repéré, sont soumis à un tir important : c'est le jour où la 126e D.I. relève la 74e. Le 10 à 4 heures, une attaque allemande sur le bois des Caurrières et le front de la 123e D.I. (qui est à la droite de la 126e) est exécutée à la faveur du brouillard : un petit poste avec 2 caporaux et 6 hommes est enlevé. Le 11, le Gr.R. 109 remonte en ligne et, le lendemain, il est en position entre Ornes et Bezonvaux, à l'est du bois des Caurrières et du Fond des Rousses ; la « sape de Bezonvaux >» se trouve approximativement au centre de son dispositif. A la droite de cette unité est installé le Gr.R. 110 de la même division, qui tient le secteur de la Croix de la Vaux. Le 21, une opération est déclenchée deux heures après la transmission du mot code "sous-marin » (U-Boot), correspondant au nom d'une tranchée de ce secteur. Elle porte sur un saillant situé à la cote 332, entre 500 mètres et 1 kilomètre au nord¬ouest de Bezonvaux. Ce sont deux bataillons du Gr.R. 109, mis au repos et entraînés sur un terrain d'exercices, qui attaquent à la gauche de la 7.R.D. et à l'aile droite de la 28.I.D. La préparation de l'artillerie et des lance-mines n'est pas suffisante. L'attaque ne réussit pas ; toutefois, les deux divisions françaises qui sont en face ayant été affaiblies, elle apporte un peu de calme dans cette zone, sauf dans les environs de la Croix de la Vaux qui restent animés. Le lendemain, au cours d'un barrage exécuté par le 1e/58e R.A.C., des coups courts sont observés sur le village de Bezonvaux. A cette époque, un P.C. de bataillon y est attesté. Le 247e R.I. tient le secteur des Caurrières du 25 mars au 16 avril, période pendant laquelle de fréquents bombardements s'abattent sur les lignes avancées. D'ailleurs, en avril, l'activité des Allemands s'accroît de nouveau. Le 6, le 1er/6e R.I. repousse au bois des Caurrières un coup de main préparé par un tir violent de Minenwerfer. Le 10, un groupe de choc composé de 10 hommes du Gr.R. 109 attaque une position à l'est de la Croix de la Vaux : l'opération a le nom de code de « temps d'avril » (Aprilwetter). Un prisonnier est capturé. Le 14, les Allemands effectuent sans résultat un coup de main ; ils sont repoussés et le reste de la journée est calme. Le 15, au cours d'une relève, des fractions du 3e/6e R.I. contribuent, avec le 12e R.I., à repousser une nouvelle tentative. Le 22, le régiment remonte en ligne dans le quartier Marceau voisin. Tout le secteur est fréquemment bombardé ; les projectiles de lance-mines tombent en abondance. Les 25-26, les bombardements sont particulièrement violents et, le 26, des projectiles à gaz s'ajoutent aux explosifs ordinaires. Le 28, il y a un nouveau coup de main allemand qui ne réussit pas. Le 3 mai, le 247 R.I. revenu en ligne est relevé par le 12 R.I. Il remonte dans le même secteur le 13 mai jusqu'au 30 et à nouveau du 6 au 13 juin. Dans la nuit du 3 juin est signalé le coup de main de l'I.R. 183 appelé «printemps » (Frühling). Il a pour objectif une position aménagée avec des fascines et deux abris situés au sud de l'ouvrage de Bezonvaux. Le but est de ramener des prisonniers et des prises. La résistance française fait échouer l'entreprise. Du 11 au 13, le 412' R.I. relève le 247 dans la secteur de Bezonvaux. En 1er ligne, le 1er bataillon tient le quartier Hassoule et le 3 le quartier Village. En 2 ligne, le 2 bataillon occupe le quartier Chauny. Le séjour de cette unité dans ce secteur est caractérisé par une activité adverse extrêmement violente. Les positions françaises sont établies à contre-pente, à moins de 200 mètres de celles des Allemands qui tiennent la région au nord du bois des Caurrières. Ceux-ci, abondamment pourvus de lance-mines, gros et petits, exécutent de fréquents tirs de harcèlement qui, durant plusieurs heures, bouleversent les tranchées françaises, détruisent les abris ainsi que les réseaux de fils de fer et causent de très fortes pertes. Tous les deux ou trois jours, après un déluge de projectiles de lance-mines, des groupes de choc (Stossgruppen) prononcent avec autant de hardiesse que d'énergie une attaque sur les tranchées adverses et essaient d'enlever des hommes. Ces événements ne sont pas étrangers à la présence dans la région Ornes-Bezonvaux de la 28.I.D. et de l'existence, derrière les positions qu'elle défend, d'un centre d'entraînement pour les troupes de choc (Stosstruppen), sans doute animé par la compagnie d'assaut divisionnaire. Compte tenu de sa tenue au feu et de ses capacités tactiques, cette division badoise est considérée ultérieurement comme une des meilleures grandes unités allemandes, bien que, contrairement à la plupart d'entre elles, elle n'ait combattu que sur le front occidental. A compter du 12, le 6 R.I. occupe le bois des Caurrières avec ses positions s'étendant vers le nord, en direction de la ferme des Chambrettes. Dans la nuit du 20 au 21, des patrouilles de son 3 bataillon, protègeant des travailleurs, livrent un combat acharné jusqu'au corps à corps, avec des groupes d'Allemands supérieurs en nombre. Elles subissent des pertes et, après le repli des travailleurs, parviennent à regagner les lignes françaises sans laisser de prisonniers aux mains des Allemands. A compter du 23, c'est le 247e R.I. qui occupe le quartier Village. Celui-ci est beaucoup moins agité que le plus à l'est du secteur, le quartier Marceau, où le régiment était en ligne précédemment ; cela n'empêche pas qu'il soit parfois soumis à de violents bombardements. Dans la nuit du 23 au 24, vers 2 heures, les Allemands font irruption sur le front du 3/412 R.I., relativement large, qui ne constitue pas une ligne tenue dans sa totalité. Précédés par un tir très intense de torpilles, plusieurs groupes adverses atteignent les tranchées françaises en différents endroits. Un officier, le lieutenant Journois, qui observe ce qui se passe en étant monté sur le parapet à proximité d'un poste, est fait prisonnier par un groupe d'attaquants ; il se débat et crie : « Les Boches m'emmènent. Tirez !Tirez ! ». Il continue de se débattre et parvient à faire lâcher prise à ses agresseurs puis à revenir dans la tranchée. Les Allemands sont repoussés et regagnent leurs positions, poursuivis par les tirs des mitrailleuses. Le lendemain matin, les défenseurs découvrent un cadavre resté dans les fils de fer français : il est vêtu d'un bourgeron et d'une cotte en toile bleue, sans aucun signe distinctif ; il est armé seulement d'un poignard et d'un sac de grenades. Le 25, après cinq mois d'efforts et de souffrances, le 6 R.I. est relevé par le 411e R.I. Il quitte le bois des Caurrières sans avoir perdu ni un seul pouce de terrain, ni un prisonnier et en laissant une organisation solide là où il n'avait trouvé que des trous d'obus. Le 26, après être resté 13 jours en première ligne dans le quartier Hassoule, le 1/412 R.I. y est relevé par le 3 bataillon. Juillet est caractérisé par plusieurs actions des Stosstruppen dans toute la région de Bezonvaux : elles ont lieu en particulier les 1e et 3, ainsi que pendant toutes les nuits des 4 au 24 au cours desquelles les Français les repoussent inlassablement. Le 1ef, des groupes de choc parviennent à capturer 3 prisonniers à la 9 compagnie du 3/412 R.I. Mais, le 3, une embuscade permet de s'emparer d'un caporal du Gr.R.109, lequel dirigeait une patrouille devant les lignes françaises. Dans la nuit du 3 au 4, alors que la 5 D.I. remplace la 123, les bataillons du 412 R.I. sont relevés par ceux du 129 qui en met deux en ligne : un au quartier Village et un au quartier Hassoule (jour et nuit, celui-ci doit remettre en état les tranchées que l'artillerie allemande cherche à niveler et être prêt à contre-attaquer). Un du 276 R.I. est établi dans le Fond du Loup, à peu de distance de Bezonvaux, en réserve du 129. Malgré les bombardements incessants et violents, pendant les 20 jours de son séjour en ligne, ce régiment ne ralentit pas les travaux d'organisation du terrain. L'artillerie française est également en action : les tranchées adverses disparaissent dans le feu et la fumée. Le 4, le 12 R.I. est relevé : du 10 février au 30 juin, il a perdu 11 officiers et 1 200 hommes. Le 11, le 247 R.I. subit un coup de main dans la zone des Ravines. Ce régiment est relevé les 12-13. A la mi-juillet, trois divisions allemandes tiennent le front entre la Meuse et Bezonvaux : les 28.R.D., 228. et 28.I.D. Le 15 a lieu l'opération « anniversaire « (Geburtstag), conçue comme une percée rapide dans les lignes françaises du secteur de la « sape de Bezonvaux », en direction du village. Elle échoue en raison des mau¬vaises conditions météorologiques et de la vigilance des Français. Dans la nuit du 18 est prévue une action dont le nom de code est « Jean » (Johannes) : les Minenwerfer de l'I.R.183 bombardent le ravin du Pré-Sud avec des projectiles à gaz ; toutefois, les autres détails concernant cette opération sont inconnus. Le 22 à 5 heures 25, un tir de torpilles d'une violence inouïe s'abat sur le quartier Hassoule, pendant qu'un feu roulant par obus de gros calibres martèle le quartier Village, le Fond des Rousses, le secteur voisin des Chambrettes et les observatoires de l'arrière. Ce bombardement forme un véritable rideau, un encagement d'une intensité extraordinaire. D'abord surpris, les hommes du 3/29 R.I., qui sont en ligne dans le ravin d'Hassoule, se précipitent à leur emplacement de combat, juste à point pour recevoir les premiers grenadiers qui envahissent une de leurs tranchées. Un combat au corps à corps s'engage. Dans la tranchée des Zouaves, le lieutenant commandant l'élément qui la tient résiste et contre-attaque à la grenade. Dans le saillant du Verger, au nord du village, plusieurs Allemands sautent sur un petit poste de la 9' compa¬gnie qui résiste. En une dizaine de minutes, la tranchée est nettoyée ; il ne reste plus aucun assaillant et la ligne est entièrement rétablie. Malheureusement, la concentration formidable du tir sur ce quartier a occasionné des pertes, en raison notamment de l'effondrement de plusieurs abris. Toutes les commu¬nications avec l'arrière sont coupées ; pendant quelques heures, seuls les téléphonistes réparant les lignes et le brancardiers ramenant les blessés se risquent dans le Fond des Rousses, notamment au niveau de la Gabionnade. Le 129 R.I. est relevé du secteur de Bezonvaux dans la nuit du 24 au 25.

    Le 247 R.I. reprend le secteur de Bezonvaux le 4 août, la 153 brigade auquel il appartient étant rattachée à la 42 D.I. qui, à partir du 6, est responsable de l'ensemble Douaumont-Bezonvaux. Cette division participera à des actions à l'ouest de ce village (le 20 au bois des Fosses, le 26 dans celui de Beaumont), jusqu'à sa relève le 29. Le 14, l'artillerie déploie une grande activité. On sent qu'une attaque est prochaine. Les 15 et 16, le bombardement continue avec intensité. Le 16 à 19 heures, une attaque allemande se déclenche : menée par la 28.I.D., elle part du sud-ouest d'Ornes en direction du bois des Caurrières. Elle parvient à percer sur la gauche la première ligne occupée par le 162 R.I., cause des pertes au 247e Ri.. et permet aux assaillants d'occuper les tranchées des Zouaves et des Arvernes. Une compagnie du 276e R.I. part en renfort, puis plus tard les 2e et 3/129 B.I. Vers 21 heures, les Allemands sont bloqués après qu'ils aient réussi à conquérir une bande de terrain large de 2 kilomètres et profonde de 400 mètres. Les pertes françaises totales se montent à 16 officiers et 700 hommes (tués, blessés, disparus), auxquelles s'ajoutent des pertes en matériels : 9 mitrailleuses, 13 mortiers de tranchées, 40 fusils¬mitrailleurs Mle 1915, etc. En outre, les Allemands, qui ont détruit 41 abris, 37 mortiers de tranchées et un dépôt de munitions, ont récupéré des ordres montrant que leurs adversaires préparent une opération importante, retardée du 15 au 18 en raison du mauvais temps. Pendant ce temps, le 3e bataillon et la compagnie hors-rang du 129e sont placés en réserve dans le tunnel de Tavannes. Le 2e bataillon monte, en une seule étape, à Hassoule en étant bombardé par obus à gaz depuis la chapelle Sainte-Fine ; à 7 h 30, le 17, il arrive à destination : les éléments de tête franchissent un violent tir de barrage et occupent la tranchée Sabathé dans le bois des Caurrières. Les hommes sont harassés par une nuit de fatigue ; pourtant, ils doivent encore tenir toute la journée sous le pilonnage ennemi. Puis, ce 2d/1 29 Rd., couvert par le groupe franc du 247e R.I., reçoit la mission de contre-attaquer et de rétablir la ligne. A 17 heures, après un court bombardement, ce bataillon part à l'attaque et l'adversaire se replie dans ses anciennes tranchées, poursuivi par les assaillants. Une patrouille de la 7e/129e dépasse même l'ancienne première ligne allemande et rentre au complet dans les lignes françaises. Dans la nuit, le 3e/129e R.I. vient relever, devant le village de Bezonvaux, un bataillon du 247e R.I. C'est une relève très pénible : les hommes, soumis au bombardement par obus toxiques, doivent garder le masque durant trois heures dans la nuit, ajoutant encore aux fatigues de la progression-dans les boyaux et tranchées. Le 19, le 247e R.I. est entièrement relevé.

     Bezonvaux 1917-1918 : La guerre continue

    Bezonvaux vu par un observateur allemand : croquis réalisé par le sergent-chef de réserve Schärfer 7.Gr.R. 109, 30 juin 1917 


    20 AOÛT : LA SECONDE BATAILLE OFFENSIVE DE VERDUN

    Depuis la fin de 1916, le front de Verdun est à peu près dégagé sur la rive droite de la Meuse, quoique les Allemands possèdent encore les observatoires de la côte du Talou, au nord de Vacherauville. Mais, sur la rive gauche, solidement installés à la cote 304 et au Mort-Homme, ils ont entre leurs mains une base de départ inquiétante d'où ils peuvent lancer une action dangereuse le long du fleuve ainsi qu'entre celui-ci et l'Argonne. Une opération de dégagement est donc projetée sur cette rive tandis qu'un alignement sur celle de droite complétera heureusement la victoire des 15-16 décembre. La deuxième bataille offensive de Verdun va donc être menée à cheval sur la Meuse; d'Avocourt à Bezonvaux. Sur la rive droite, il est prévu que le mouvement offensif s'appuie à l'Est sur un môle fixe. Celui-ci est constitué par la région de Bezonvaux, zone où les lignes françaises connaissent un changement de direction important : venant d'Ouest en Est depuis la Meuse jusqu'à ce village, elles descendent ensuite vers le Sud en direction de Damloup. En conséquence, le front Croix de la Vaux-Bezonvaux n'est pas concerné directement par l'opération. La 153 brigade, créée le 15 mars 1917 et incluant progressivement les 247e, 276e, 412e et 129e R.I., est chargée de ec secteur passif placé à droite du dispositif d'attaque. Comme on l'a vu précédemment, ces unités occupent depuis ce printemps la région Chambrettes-Bezonvaux. Après une période de repos en juillet, la brigade remonte en ligne. L'organisation défensive de son front est minutieusement établie par la 42e D.I. à laquelle elle est subordonnée et qui monte en ligne le 6 août pour tenir le secteur Douaumont-sud de Bezonvaux. Une partie de l'artillerie affectée à cette division est d'ailleurs en place à l'arrière du front tenu par la brigade : elle est évaluée à 9 batteries de 75, 2 de 90, 3 de 155 court et 24 pièces de 58. L'ordre transmis par la 42 D.I. prévoit l'accumulation d'obstacles passifs, la consolidation de l'appui d'angle de Bezonvaux et des barrages par feux de mitrailleuses ainsi que par grenades V.B. En outre, le plan d'engagement de la division en date du 4 août prescrit que, 20 minutes après le déclenchement de l'attaque (H = 20 août à 4 h 30) jusqu'à la fin de la progression, les mitrailleuses de la 153e brigade exécuteront un barrage fixe sur les ravins des Lièvres, du Pré et de la Chartonne. Le 20 août au matin, les tirs de l'artillerie française terminés, l'offensive projetée sur les deux rives de la Meuse se produit, l'aile droite de l'opération se trouvant immédiatement à la gauche du quartier Hassoule. Après le déclenchement de l'attaque, la 153e brigade n'est pas inquiétée à l'ouest de Bezonvaux, sauf par l'artillerie adverse. Dans l'ensemble, la réaction allemande est assez faible. Pourtant, il y a un véritable pilonnage du ravin d'Hassoule ét de la partie orientale du bois des Caurrières ; l'artillerie allemande devient plus active sur le 129 R.I. et les bombardements par lance-mines deviennent plus fréquents. Le quartier Hassoule, que tient un bataillon du 151e, rattaché momentanément au 129e R.l., est constamment bouleversé par les nombreux projectiles qui l'écrasent, venant de toutes les directions. Les pertes deviennent sensibles. En outre, dans le Fond des Rousses, l'artillerie lourde allemande établit un barrage assez dense. Une contre-batterie s'avère nécessaire.

    Bezonvaux 1917-1918 : La guerre continue
    L'attaque Française de la 128e D.I le 8 septembre 1917 : le secteur du 167e R.I et ses positions successives. 

    LES ACTIONS JUSQU'EN DECEMBRE

    Dans les semaines qui suivent l'offensive du 20 août, la zone Douaumont-Bezonvaux ne revient pas immédiatement à la situation normale. Déjà, du 18 au 20 août, des coups de main allemands s'étaient produits chaque soir dans la zone tenue par le 129e R.I. ; les 22, 23, 25 et 26, ils se renouvellent jusqu'à trois et quatre fois en des points différents : ils sont systématiquement repoussés. En ce qui concerne ce régiment, ses patrouilleurs ne restent pas inactifs et fouillent consciencieusement, chaque nuit, le terrain compris entre les lignes devant le quartier Village. Plus au Nord-Ouest, la 128 D.I. monte en ligne le 29 dans le secteur Marceau qu'elle va tenir jusqu'au 12 septembre. Une nouvelle attaque française, conçue le 30 août et ayant pour but d'enlever tout le plateau des Caurrières, doit avoir lieu ultérieurement. Quant aux Allemands, ils s'efforcent de reprendre du terrain sur la rive droite de la Meuse. En outre, pour améliorer le commandement dans une partie de ce front officiellement calme mais restant animé, l'état-major de la 5e armée allemande finit le même jour de réorganiser ce qu'il a entrepris le 22 juillet : en modifier le découpage et les rattachements hiérarchiques. A cette date, l'état-major de corps d'armée N° 63 (bavarois) a été fusionné avec celui du commandement du secteur Vaux, dont les deux divisions ont pris le nom de leur sous-secteur : !a 192.I.D. devenue la Division Dieppe, la 19.E.D. la Division Etain. Le 30 août se produit une transformation plus importante. La zone de Bezonvaux (de l'ouest d'Ornes jusqu'au sud de Vaux) est divisée en deux groupements, prenant place à l'est de celui de Meuse-Est : le groupement Ornes (état-major du XI.A.K.) avec les sous-secteurs Vaux et Dieppe (tenus respectivement par les 28. et 192.I.D.), le groupement Vaux (état-major de corps d'armée N° 63, bavarois) avec les sous-secteurs Damloup et Etain (228.l.D., 19.E.D.). Pour revenir du côté français, la 163e D.I. succède à la 153e brigade. Le Zef septembre, le 142e R.I. prend la place des unités occupant la zone de Bezonvaux : ses 2e et 3e bataillons sont en ligne et son 1 est en soutien. La nuit suivante, plus à l'Ouest, le 129e R.I. est relevé. Son secteur continue d'être dur et dangereux. Accrochés à une pente abrupte, le dos au Fond des Rousses ravin profond et marécageux, ses deux bataillons en ligne doivent tenir dans des conditions difficiles. Une passerelle étroite et peu commode passage unique et précaire permet de franchir le Fond des Rousses à hauteur du P.C. d'Hassoule (sinon, il faut faire un détour jusqu'à l'ouest du village). S'en écarter, c'est courir le risque de l'enlisement dans la boue. En outre, des barrages d'artillerie fréquents et même des tirs d'interdiction rendent liaisons, ravitaillements et relèves particulièrement pénibles. Le 4, des groupes d'Allemands essaient de pénétrer dans les lignes françaises. Les sentinelles donnent l'alerte et, après un vif combat à la grenade, les assaillants se retirent sans résultat. L'artillerie française soumet alors les lignes allemandes à des tirs de destruction. Le lendemain, deux reconnaissances commandées par deux sous-lieutenants appartenant aux 6 et 10 compagnies du 142e, pénètrent dans les tranchées allemandes et les trouvent inoccupées. Mais, l'artillerie adverse se manifeste énergiquemement avec ses pièces lourdes : un capitaine et une quinzaine d'hommes sont tués près du P.C. Roye. La lutte d'artillerie se poursuit avec une intensité croissante. Le 6, le Gr.R. 109 procède à un coup de main dans son secteur. Il s'agit de prendre une barricade dans le bois des Caurrières. Une préparation d'artillerie est déclenchée à la tombée de la nuit et l'opération est déclenchée à 23 heures. Les quelques Stosstrupps engagés arrivent jusqu'à la deuxième tranchée ; pourtant, 4 Français seulement sont capturés. Jusqu'à présent les Allemands ont profité de la situation des unités françaises tenant la pente nord du Fond des Rousses situation qu'ils connaissent, pour y faire irruption par le débouché du ravin au nord de Bezonvaux, après avoir neutralisé par le bombardement et les gaz les défenseurs de cet endroit difficile. Pour améliorer l'occupation de cette zone, une opération prévue avec un régiment de la 69 D.I. et trois de la 128 se déroule alors du 7 au 10 septembre, sur le plateau des Caurrières, entre deux positions défensives : à l'Est le secteur Bezonvaux-Vaux tenu par deux régiments de la 163 D.l., les 415 et 142e R.I., à l'Ouest la zone au nord d'Haudromont incombant à la 40e D.I. La préparation française qui commence dans la nuit du 5 au 6 est formidable, mais la contre-préparation adverse paraît plus puissante, provoque des pertes et nivelle les boyaux ainsi que les tranchées. Le 8 après 5 h 10, les 69e et 128 D.I. sortent de leurs tranchées. La région de Bezonvaux n'est concernée que par la participation à cette action du 167e R.1., appartenant à la dernière des deux divisions. Le rôle dévolu à ce régiment est délicat : à l'extrême droite des troupes engagées, il doit couvrir sur un front de 1 500 mètres, orienté vers le Nord-Est, le 168e qui fonce droit devant lui (c'est-à-dire vers le Nord). Les deux bataillons d'attaque (2e bataillon à gauche, 3e à droite) s'ébranlent comme à la parade ; ils s'emparent de la première tranchée allemande (tranchée de Bagdad), puis à 7 h 30 la seconde (tranchée Bochemar) est occupée. La résistance allemande est forte, des mitrailleuses prennent en enfilade les assaillants et des réseaux sont intacts. En outre, l'aviation allemande intervient et mitraille les vagues d'assaut. Néanmoins, le 3e bataillon, qui doit pivoter sur sa droite en avançant sa gauche de quelques centaines de mètres, atteint rapidement ses objectifs. Le 2e bataillon parvient à avancer encore un peu, mais échoue ensuite devant la tranchée du ravin des Lièvres. Sa 7e compagnie, qui arrive à percer jusqu'à la tranchée d'Athènes, va être encerclée et se défendre jusqu'au dernier homme. Entre-temps, une contre-offensive allemande en direction de Bezonvaux échoue sous les feux français vers 10 heures. Au début de l'après-midi, la droite française se replie légèrement sous la pression de détachements adverses lancés le long des ravins des Lièvres et du Pré. A 15 h 30, le général Passaga, commandant le 32' C.A., donne l'ordre de tenir sur la ligne atteinte, dans certains cas en l'améliorant, en particulier en reprenant la tranchée Bochemar. En fait, à partir de 17 h 30 une contre-attaque allemande (la septième) rejette l'extrême droite française sur sa ligne de départ, élimine les éléments qui résistent et capture des prisonniers. Dans la nuit, des renforts du 142e R.I. qui tient Bezonvaux arrivent en même temps que des approvisionnements en munitions, grenades et artifices. Toutes les unités concernées des 69e et 128 D.I., soumises aux tirs des batteries allemandes implantées dans la Woëvre, sont très éprouvées. La journée du 8 coûte au 16T R.I.79 tués, 407 blessés et 306 disparus, pour un bilan de 200 Allemands prisonniers. Les débris du régiment tiennent encore la position le 9. Dans la nuit du 10 au 11, ils sont relevés par le 142 R.I. et ramenés en 2 ligne au quartier Chauny. A noter que le 9, le général Riberpray commandant la 128e D.I. est tué dans le bois des Caurrières, dans le secteur central de sa division tenu par le 168 R.I. Après cette affaire, la région de Bezonvaux demeure mouvementée. La période à compter du 10 septembre et incluant le mois d'octobre voit les Allemands fournir des efforts pour reprendre le terrain perdu sur la rive droite de la Meuse. La 78.R.D., dirigée sur le front de Verdun et mise en réserve lors de l'offensive française du 20 août, est engagée au nord des Caurrières. Le 11 septembre se déroule une attaque sur les positions tenues par les 1 et 3/142 R.I. Elle échoue grâce à la riposte des grenadiers français. Le pilonnage s'accentue. Tranchées et boyaux disparaissent ; les hommes se glissent de trous d'obus en trous d'obus pour se rapprocher de la ligne allemande et échapper ainsi à l'écrasement. Les 12 et 13, la 163e D.I., dirigée le 31 août vers Verdun et mise par éléments successifs à la disposition du 32 C.A., relève entièrement la 128 dans le secteur de Bezonvaux où elle va repousser différentes actions. Le 13, la 78.R.D. exécute une tentative qui n'a pas de suite ; le lendemain, elle en exécute une autre. Le 24 à 5 h 30, ses trois régiments, précédés d'une partie du 5e bataillon d'assaut (St.Btl. 5), attaquent sur un front de 2 kilomètres entre la corne nord-ouest du bois des Fosses et la lisière est du bois de Chaume (ravin de la Charbonnière). L'offensive cherche à atteindre la cote 353 au nord des Chambrettes. Sur ses flancs, elle est prolongée par des actions secondaires au sud de Beaumont et vers Bezonvaux. Il faut noter que la 7./R.I.R. 258 qui attaque à la Croix de la Vaux perd 600/o de son effectif entre 5 h 30 et 5 h 45 : parmi les assaillants figure le sergent-chef Ettighoffer, chef d'un détachement de choc ; il tirera de son expérience au cours de cette opération, pendant laquelle il est blessé, des éléments pour un passage de son livre « Fantômes au Mort-Homme r>34 Des Stossgruppen de la 3./St.Btl. 5 agissent aussi dans la zone de la Croix de la Vaux : ils y perdent 7 tués et 6 disparus. En début d'après-midi, un coup de main vise directement Bezonvaux ; il échoue. Sur cette période, le général Boichut, qui commande la 163e D.I. à compter du 16 juin 1917, a laissé un témoignage personnel":

    « En septembre 1917, commandant d'une division d'infanterie, Verdun m'a de nouveau attiré comme un aimant et c'est dans les ruines de votre palais épiscopal, où tombent les obus et que frappent les balles d'avion, au collège Margueritte, que je place en passant mon premier poste de commandement, en attendant de le porter au ravin de Bezonvaux. M'est-il permis de rappeler là encore, un épisode de guerre ? C'est là que je vois sortir d'un abri pas bien sûr, c'était la dalle d'une pierre tombale, un bloc de boue : l'aumônier volontaire d'un de mes régiments. II ne pouvait bien entendu habiter sous l'église, nivelée évidemment. II s'appelait l'abbé Saliege ».

    A la même époque, un autre aumônier fait également preuve d'une attitude admirable dans le secteur de Bezonvaux : il s'agit de l'abbé Ulrich, aumônier volontaire du 162 R.I.3s A partir du 25, le 415 R.I., qui a précédemment (du 5 au 16 septembre) occupé la zone d'Hardaumont, s'installe dans celle de Bezonvaux. A sa gauche, le lendemain, la 15 D.I.C. s'établit vers le bois des Fosses et celui des Caurrières. Dans les derniers jours de ce mois, glissant vers l'Est, le 142' arrive dans le secteur relativement calme de l'étang de Vaux. Il est relevé le 3 octobre par le 2 Zouaves, la 163 D.I. laissant la place à la 37. Dans le camp d'en face, le 27, la G.E.D. est dirigée sur le groupement Ornes. Un nouvel effort est prononcé par les Allemands le 1 octobre sur la droite du 32 C.A. entre le bois de Chaume et Bezonvaux. Lorsqu'elle est relevée les 3 et 4, la 163e D.I., soumise à un bombardement continuel et très violent, a subi des pertes élevées ; rien qu'au 415 R.I., elles s'élèvent au total à 32 tués dont un officier, 305 blessés dont 3 officiers, 110 disparus dont 2 officiers. Le 5, l'I.R. 183 mène une action au sud-est de Bezonvaux. L'objectif est une position près de la cote 355, à proximité de l'ouvrage, en vue de capturer des prisonniers. L'opération, connue sous le nom de code de « 123 », échoue en raison de la résistance française. A cette époque, le mauvais temps sévit. La pluie qui tombe à compter du 8 inonde tranchées, boyaux et trous d'obus. Les hommes, qui n'ont pas d'abris pour se garantir des intempéries et se reposer, sont dans l'eau et la boue jusqu'à mi-jambes. Beaucoup souffrent de gelures des pieds. Le 11 à 5 h 40, les Allemands, précédés par des éléments de la 4./St.Btl. 5, attaquent la tranchée des Zouaves au nord du bois des Caurrières, tenue par le 5' R.I.C., et l'est de ce bois. Sous l'effet du barrage de l'artillerie française auquel s'ajoute le feu des mitrailleuses et fusils-mitrailleurs ainsi que des tirs de grenades V.B., les assaillants sont arrêtés. A droite, un régiment de tirailleurs de la 37 D.I. également attaqué cède du terrain puis rétablit la situation. Les 12 et 13, aucune nouvelle tentative est prononcée ; en revanche, l'artillerie allemande se manifeste en permanence, parfois violemment. A partir du 13, le 3 Zouaves tient le secteur Bezonvaux-Vaux, terrain qu'il a conquis en décembre de l'année précédente (il le quittera le 5 novembre). Dans la nuit du 13 au 14, le 1/3 Tirailleurs relève un bataillon du 2 Tirailleurs dans le quartier Hassoule. Le 2 bataillon reste en réserve au ravin du Bazil et l'état-major occupe le P.C. Alsace (Carrières-Sud). La nuit suivante, ce 2 bataillon termine la relève du 2 Tirailleurs et occupe le quartier Village à la droite du 1 bataillon. Le 4 est en réserve près du P.C. Alsace, dans le centre de résistance (C.R.) Montmorency. Le paysage est un champ d'entonnoirs boueux et le séjour est particulièrement difficile. Le secteur reste constamment agité ; l'artillerie allemande très active bouleverse fréquemment les positions, tout en se livrant sans cesse sur les lignes de communication fort précaires à d'incessants harcèlements par obus explosifs ou toxiques. Les premières positions du régiment, accrochées aux pentes du mouvement de terrain bordant au nord le Fond des Rousses, sont presque totalement isolées de l'arrière, une épaisseur importante et infranchissable de boue couvrant le fond de ce ravin. Seul un étroit passage, constitué par quelques fascines, invisible la nuit et souvent détruit par le bombardement, permet à certains de franchir ce fossé. Pour d'autres, c'est l'enlisement. Les ravitaillements sont difficiles et le mauvais temps est la cause de nombreuses évacuations pour des gelures graves aux membres inférieurs ou des « pieds de tranchées ». En face, l'infanterie adverse est auda¬cieuse, entreprenante et tenace. Le 17, après un violent bombardement, une tentative visant la tranchée du Calvaire échoue sous le feu français. Mais, le bombardement préparatoire a causé des pertes sensibles :18 tués et 59 blessés. Dans les nuits du 18 et 19, la 60' D.I. entrant en ligne, le 5 R.I.C. est relevé par le 248 R.I. Du 20 au 23 octobre, les Allemands exécutent encore de larges coups de main dans le Fond des Rousses, à l'ouest du village, mais ne réussissent pas. Ainsi, le 21 à 3 h 15, ils exécutent une forte action sur tout le front de ce sous-quartier. Après une puissante préparation d'artillerie et de lance-mines, ils tentent à trois reprises de sortir de leurs positions et d'aborder les lignes françaises. Les barrages de 75 et de grenades V.B. enrayent les mouvements. Une nouvelle attaque est lancée à 4 h 15. Les vagues d'assaut arrivent au contact du 1/3 Tirailleurs. Bloqués à coups de grenades, ceux qui les composent s'enfuient en voyant surgir des trous d'obus, la baïonnette haute, les tirailleurs des 1 et 3 compagnies, au moment même où une autre section de la première de ces deux compagnies livre, à la tranchée de la Barricade, un furieux combat. Sur le front du 2e/3e Tirailleurs, l'attaque est également brisée par des feux de mitrailleuses, ceux des fusils-mitrailleurs de la 5 compagnie et des salves de V.B. A la tranchée du Calvaire complètement bouleversée, les défenseurs sont hors de combat ou enterrés ; les assaillants réussissent à y prendre pied et enlèvent un lieutenant blessé. Le sous-lieutenant commandant l'unité voisine, apercevant des adversaires avançant vers lui, fait tirer sur eux alors qu'ils ne sont plus qu'à une vingtaine de mètres. Une contre-attaque immédiate rétablit la ligne française. L'opération allemande a été sérieuse : baptisée « colchique » (Herbstzeitlose), elle a été menée par le R.I.R. 245 en vue de provoquer des pertes chez l'ennemi et d'évaluer ses forces, notamment en lui faisant des prisonniers pour les faire parler : les Allemands annoncent effectivement un bilan de 9 captifs. Leurs propres pertes sont sévères. Le lendemain, l'artillerie allemande bombarde les pistes et les boyaux ; puis, dans la nuit, elle tire sur les positions. Le 23 encore, les Allemands exercent une nouvelle pression sur la crête des Caurrières à la fin de la nuit ; les Français contre¬attaquent et reprennent le terrain perdu. A 7 h 40, c'est un vrai pilonnage. La tranchée de la Barricade, littéralement nivelée, est évacuée. Sur tout le front des 2 et 4e/3e Tirailleurs (ce dernier bataillon vient de relever le 1 dans le quartier Hassoule), l'ennemi passe à l'attaque. Presque partout il est repoussé sans avoir pu aborder les positions et sans que les sections de réserve, rassemblées dès le début du bombardement dans les boyaux et tranchées de soutien, aient à intervenir. A la tranchée du Verger, les défenseurs doivent sortir pour refouler les attaquants à la baïonnette. Ceux-ci font irruption dans celle de la Barricade où ils ne trouvent guère que des tués, des blessés graves et des ensevelis. Trois sections disponibles de la 14 compagnie se portent en avant à découvert et contre-attaquent. Après quelques minutes d'un combat à la grenade, les assaillants sont repoussés. L'opération, baptisée « voyage de permission » (Urlaubsreise), a été menée par le II./G.I.R. ainsi que le R.I.R. 245 ; son bilan aurait été de 5 prisonniers.

    Le 24, un bataillon du 3 Zouaves relève le 2e/3e Tirailleurs à Bezonvaux. Les 25 et 26, dans la nuit, les troupes allemandes en ligne devant le village essaient encore d'aborder les positions françaises vers la gauche du 4/3 Tirailleurs. La 15/3 Tirailleurs repousse facilement ces tentatives. Le 27, le P.C. de ce régiment est violemment bombardé ; un lieutenant est tué et un médecin blessé. Le 29, le 4/3 Tirailleurs est relevé par un autre bataillon du 3 Zouaves. Le même jour, le II./G.I.R. 7 attaque les positions françaises de la Croix de la Vaux et à l'ouest de celle-ci. L'entreprise est renforcée par deux sections de lance-flammes, quelques détachements du St.Btl. 5 et la (G.)Pi.K. 301. Les Français sont repoussés et ces positions sont réoccupées par les Allemands qui capturent 206 prisonniers, avec un butin de 3 mitrailleuses et un fusil-mitrailleur. Ensuite, pendant quelques jours, le 3e Tirailleurs occupe le quartier Hardaumont-Vaux ; le 6 novembre, avec l'arrivée d'une nouvelle division, il est relevé par des éléments du 152e R.I. et du 1 3 groupe de chasseurs. Pendant ce dur mois d'octobre, il a perdu 63 tués dont 4 officiers, 280 blessés dont 3 officiers et 81 disparus ; 352 militaires ont été évacués pour cause de pieds gelés et 6 ont été intoxiqués par les gaz. Il faut ajouter que toutes les relèves évoquées précédemment s'effectuent dans des conditions extraordinairement difficiles. Le sergent Martin du 3e Zouaves raconte:

    « A la fin d'octobre 1917, le 3 Zouaves était au secteur en avant de Bezonvaux La boue, surtout dans les relèves et en secteur, était un fléau pour nous. A la relève descendante, plusieurs camarades furent enlisés. L'un d'eux que l'on s'efforçait en vain de dégager finit par dire à notre aumônier qui dirigeait le sauvetage : « Laissez moi ; quand il fera jour, je me dégagerai seul ». Paroles terribles pour qui sait que l'enlisement s'accroît sans cesse d'heure en heure. Ces paroles voulaient dire : « Laissez moi, je suis résigné à mourir ».

    La 164 D.I., qui entre en ligne à partir du 5 novembre, est engagée entre le bois des Caurrières et le fort de Vaux : elle tient une zone réorganisée et comprenant les quartiers Hassoule, Village et Chauny (Hardaumont-Vaux) ; son P.C. est au point de rencontre des ravins du Bois triangulaire, de La Caillette et du Bazil (P.C. Normandie), c'est-à-dire hors du territoire de la commune de Bezonvaux ; celui de son 152 R .1. (le « 15-2 ») est dans les Carrières-Nord et le poste de secours de ce régiment aux Carrières-Sud. La division exécute une série de coups de main et repousse de fortes attaques. Le 133 R.I., détaché à la division voisine (60 D.I.), résiste le 16 novembre à une attaque sur le bois de Chaume. Durant cette période, la 164 D.I. perd 33 officiers et 1 727 hommes, dont 10 tués à Bezonvaux pour le 59 B.C.P. En ce qui concerne le 152, son historique" décrit avec beaucoup de détails les conditions difficiles de son séjour dans les environs de Bezonvaux :

    "Lorsqu'au début de novembre 1917, le 15-2 fut appelé à occuper le secteur de Bezonvaux, la lutte était encore chaude et journalière sur la rive droite de la Meuse. Le secteur de Bezonvaux offrait à l'ennemi l'occasion d'écraser, sans danger de riposte sérieuse, la garnison qui l'occupait. Dans ce secteur inorganisé, inorganisable, où les lignes consistaient en des trous d'obus, où les hommes vivaient dans la boue liquide, à 50 mètres à ,peine d'un ennemi solidement retranché, dans ce secteur perché à gauche sur la crête d'Hassoule, encaissé à droite dans le fond de Bezonvaux, séparé de ses bases de ravitaillement par un formidable ravin qu'enfilaient les mitrailleuses et que le bombardement avait transformé en une succession d'immenses entonnoirs, dans ce secteur où il était impossible de faire le moindre mouvement, et où à tout instant on était menacé d'être attaqué et culbuté dans le cloaque bourbeux du Fond des Rousses, le 15-2 fit preuve d'une endurance, d'une ténacité, d'un courage qu'il n'a pas dépassé dans ses plus belles heures...
    ... grâce à l'impulsion énergique du colonel Barrard, le 15-2 a travaillé, le 15-2 a vécu dans l'enfer de Bezonvaux, comme il avait travaillé et vécu dans les secteurs les moins agités ... Pendant plusieurs semaines, grâce ... à son esprit d'organisation, à sa volonté de fer; grâce au dévouement acharné de tous, le régiment a accompli à Bezonvaux une belle et rude tâche. Si de jour tout le monde se terre, de nuit, par contre, l'immense ruche s'anime ... extraordinaire animation que prenait, à la tombée de la nuit, l'immense plateau qui conduisait au Fond des Rousses ... le bombardement fait rage et balaie méthodiquement le plateau. Echelonnés depuis la carrière d'Alsace jusqu'au P.C. d'Hassoule et de Bezonvaux, les pionniers travaillent sans arrêt à la création des pistes que doivent emprunter les relèves, les coureurs et les corvées de ravitaillement. Piste refaite sans cesse et sans cesse détruite à travers les entonnoirs jointifs. Ils travaillent également tous les soirs, sous une véritable grêle d'obus, à refaire l'unique et fragile passerelle qui traverse le ruisseau de Bezonvaux, et que le Boche détruit systématiquement tous les jour ... le 15-2 resta six semaines en ligne devant Verdun sans être relevé ... Verdun avait d'ailleurs coûté au 15-2 en tués, blessés, évacués pour pieds gelés, presque autant de pertes qu'une attaque de grand style ».

    En face, l'activité est encore intense : elle va durer ainsi pendant quelques temps. Apparemment, les Allemands, sachant que le front sur la rive droite de la Meuse est un peu dégarni, cherchent à faire craindre une attaque de ce côté. L'opération « Udine » est menée par un détachement de l'I.R.183 : elle a lieu le 14 novembre contre une position installée à la cote 355 près de l'ouvrage de Bezonvaux. Elle provoque des pertes chez les défenseurs mais les assaillants ne font pas de prisonniers. Le 1 décembre, des unités de lance-mines, notamment la G.M.W.K. 7, procèdent à des bombardements massifs des positions françaises dans le secteur de la Croix de la Vaux à partir de 8 h 45. La cible est particulièrement le 21152e R.I. Dans son secteur, 3 groupes représentant 70 à 80 adversaires exécutent ensuite, à la faveur du brouillard, un coup de main sur la tranchée de la Barricade. Deux de ces Stossgruppen sont arrêtés par les feux des mitrailleuses et des fusils¬mitrailleurs, les barrages de U.B. ainsi que les défenses accessoires. Le troisième, en dépit du tir d'une mitrailleuse, s'avance jusqu'au poste de liaison avec le 1/152 R.I.: un sergent blessé et un homme sont emmenés par les Allemands. Le 2e/152 subit encore deux coups de main dans la nuit du 4 au 5. Le 5, c'est le 1 bataillon qui en contient plusieurs. Le 7, alors que les 1 et 2 bataillons ont été relevés, le 3/152 R.I., qui est toujours dans la zone de la Croix de la Vaux, est soumis à un violent bombardement. Outre les projectiles de l'artillerie, ce bataillon reçoit ceux lancés par des unités de Minenwerfer, notamment la G.M.W.K. 7, qui procèdent au pilonnage massif des positions françaises. Ce 3/152 R.I. subit une attaque sur la tranchée Vercingétorix qu'il rejette avec des pertes. Il est relevé dans la nuit du 9 au 10. Si l'on considère l'ensemble de la 164e D.L, sa relève s'effectue par fractions du 6 au 20. Son séjour en ligne a été un calvaire, comme en témoigne l'abbé Pernet, caporal au 152e R.I.:

    « Le 5 novembre 1917, nous allons en ligne à Bezonvaux par des pistes où l'on enfonce dans la boue : nous passons la nuit dans de petits abris plein de boue. Le 9 au soir, nous montons en 1èf ligne. Nous sommes de sentinelle toute la nuit dans la boue jusqu'aux genoux. Aucun repos ; il fait froid, la pluie tombe sans arrêt et les obus aussi. Le 9 il pleut, le 11 il pleut. Le 12 novembre, notre trou d'obus est repéré par un avion ; les 130 tombent presque sur nous ; chaque éclatement nous couvre de boue. Mon équipement et ma capote ne sont qu'un bloc de boue. A cause de cette boue, nous ne pouvons creuser ni tranchées ni abris. Nos outils ne peuvent être utilisés, car on ne peut en détacher la boue qui y adhère ; il faut creuser avec les mains. Je n'ai plus aucune force physique et morale et nous sommes tous à peu près dans la même situation. Le soir du 12 novembre 1917, nous sommes relevés de première ligne et retournons dans un abri à 500 mètres en arrière. On y trouve 20 centimètres d'eau. Le lieutenant de ma section pleure de découragement. Je vais à son aide et je coupe la partie inférieure de sa capote. Puis c'est le tour de la mienne et de celle de tous les habitants de l'abri. C'est un soulagement de 25 kilos environ. Ce n'était qu'un bloc de boue. Tous les soldats du bataillon suivent notre exemple. Ce bloc boueux nous empêchait de marcher. Lorsque l'un ou l'autre tombe dans un trou, il faut se mettre â six pour le retirer. Je me souviens d'une corvée de ravitaillement où chacun avait, en plus J'une quinzaine de boules, et autant de bidons, un grand bidon de café de 20 litres. Nous avions à parcourir de 200 à 300 mètres. Nous avons mis plus d'une heure à les faire. Nous placions le bidon en avant de nous (de 30 à 50 centimètres), nous retirions une jambe de la boue avec un grand effort ; nous la déplacions vers le bidon. Nous faisions le même mouvement pour l'autre et nous recommencions. 11 va sans dire que nous désirions la mort comme une délivrance ».

    Le 12, la 33 D.I. s'installe dans le secteur bois de Chaume-Bezonvaux (exclu) où elle va subir de fréquentes actions locales. Les 16-17 décembre, la 25 D.I. monte en ligne à sa droite, remplaçant la 164 ; elle trouve de dures conditions : son secteur est dénué d'abris, les tranchées sont détruites, le froid est intense (- 18° certains jours et beaucoup d'hommes vont souffrir de leurs pieds gelés), la neige recouvre le sol, le ravitaillement est difficile. De plus l'artillerie allemande, active, gêne considérablement les travaux. Sur la première position occupée par le 16e R.I., les Allemands exécutent des coups de main, auxquels il est répondu par des actions de même nature. Sur la présence en ligne de ce régiment, un témoin, l'homme politique Marcel Déat alors sous-lieutenant à la C.M. 1, raconte ce qui suit:

    « ... reconnaissance d'un nouveau secteur, moins tranquille : cette fois nous sommes immédiatement à gauche de Bezonvaux et du fort de Vaux. Nous allons relever les chasseurs à pied', qui occupent la position de soutien, derrière le bois d'Hassoule, en avant duquel, sur une position précaire, un des bataillons est accroché. il s'en faut de bien peu qu'en revenant, nous ne soyons « nettoyés », mes agents de liaison et moi, par une rafale qui fait exploser sous notre nez un dépôt de grenades. Le soir nous sommes en place. Il y a des abris où l'on se chauffe, trop bien, car il faut souvent en sortir pour surveiller ce qui se passe et il fait plutôt froid dehors. Toutes les deux ou trois nuits, le bataillon de première ligne essuie un coup de main : pluie d'obus, de bombes de gaz, encagement hermétique, ruée d'équipes qui lancent des caisses de cheddite dans les entrées des abris, rafle de prisonniers. II y a eu comme cela quelques coups récents plutôt pénibles. Nous y allons voir à notre tour. Le ravin est un petit marais putride, qui sent le cadavre et les gaz, et qui rejoint l'étang de Vaux. On y vit sur ce bout de terrain en état d'alerte permanent. Nous n'éviterons pas notre incursion à grand orchestre. Une de nos sections entre en action, mais il y a quand même quelques prisonniers en première ligne ... Les nuits de relève, nous contemplons le plus étrange des paysages de neige, criblé de petits trous noirs : on dirait un coin de lune au e ciel de terre "

    Bezonvaux 1917-1918 : La guerre continue

    les officiers du 2e/3e Tirailleurs à Verdun, lors d'une descente des lignes : en bas, à gauche, le sous-lieutenant Jean Moras tué à Bezonvaux le 16 octobre 1917.

    Le 15, dans les environs de la Croix de la Vaux, se déroule l'action « construction de positions » (Stellungsbau), destinée à récupérer des prisonniers : le résultat est inconnu. La semaine suivante, le 22, toujours dans le même secteur, a lieu un coup de main infructueux du III./G.I.R. 6 contre la seconde ligne française : « la fête sportive de Tempelhof » (Sportfest Tempelhof) ; les groupes de choc regagnent leurs lignes avec des pertes et sans prisonniers. Le 25, un puissant tir d'artillerie s'abat sur le bois des Caurriéres que défend le 98e R.I. Les obus ne tombent pas que sur les tranchées au contact de l'adversaire : de 17 à 19 heures, il est impossible de circuler entre le P.C. du colonel et ceux des commandants de bataillon. Dans la nuit, les rafales d'artillerie fauchent les pistes et gênent les ravitaillements. Les deux bataillons en Ligne sont complètement isolés. Le 26 à 14 heures, le même régiment est attaqué par deux bataillons précédés de leurs Stossgruppen, accompagnés de sapeurs du génie et appuyés directement par des mitrailleuses. Le 3e/98e R.I. est l'objectif de l'opération. Il est entouré par un tir de barrage comprenant des projectiles de tous calibres ; ceux des Minenwerfer lourds écrasent les tranchées françaises. L'opération qui est observée, du côté allemand, par deux ballons et quatre avions, dure au plus 10 minutes. Le 98e R.I. avoue [es pertes suivantes : sa 10e compagnie a 26 hommes hors de combat et la C.M. 17 ; la 11e perd la moitié de son effectif ; au total, 2 officiers sont tués et 3 blessés. Selon la version allemande de cette opération, baptisée Brandebourg » (Brandenburg), celle-ci est menée par la G.E.D., soutenue par des éléments de la 2./St.Btl. 5 et une section de lance-flammes. Elle est organisée contre les positions françaises au sud de la Croix de la Vaux pour récupérer des prisonniers et identifier les unités en ligne. Elle réussit et 100 prisonniers sont ramenés dans les tranchées allemandes. Il y a des pertes de ce côté, dont 4 tués et 4 disparus pour le St.Btl. 5.

    Dans la nuit du 29 au 30, sur le front tenu par le 105e R.I., des patrguilleurs ennemis vêtus de blanc tentent de s'approcher pour surprendre des sentinelles. Accueillis par le tir de fusils-mitrailleurs puis contre-attaqués, ils sont repoussés en perdant l'officier qui les commande, lequel est fait prisonnier. En guise de conclusion à la présence de la 25e D.I. dans le secteur de Bezonvaux, on peut citer ce qu'a écrit l'abbé Lestrade, aumônier divisionnaire :

    "Ce fut très dur, soit à cause de l'hiver, soit à cause des coups de main des Allemands sur nous. Il n'y eut pas de semaine sans un ou deux coups de main, surtout à gauche de Bezonvaux, au secteur d'Hassoule. Dans tout le secteur, le spectacle était épouvantable. Je doute que jamais œil humain ait pu contempler une horreur comparable au bois Fumin à cette époque. C'était un véritable charnier. Dans un même trou d'obus, on trouvait six bottes avec leurs tibias, des crânes ayant encore le passe-montagne. Parfois, on rencontrait des corps entiers qui, demeurés sur le sol sepuis les attaques du fort de Vaux en juin 1916, s'étaient complètement momifiés. 

     

     

    Bezonvaux 1917-1918 : La guerre continue

    L'aspirant Ivan Duranthon du 3e Zouaves, qui a participé aux combats de son régiment dans le secteur de Bezonvaux et, bien que bleessé deux fois, sortira vivant de la Grande Guerre ( Cliché datant sans doute de 1918; C.Duranthon )