• Les carrières-Sud

    Les Carrières-Sud sont constituées par un ensemble de deux anciennes carrières situées dans le prolongement l'une de l'autre, à la cote 348,9, au nord-est du fort de Douaumont, au départ du Fond du Loup. La totalité du site est également connu sous le nom de P.C. Picard (du nom d'un lieutenant d'infanterie tué) ou P.C. Alsace : il se pourrait aussi que « P.C. Alsace » ne désigne que la plus au nord des deux carrières et « P.C. Picard » celle la plus au sud. Ces appellations ont été données après la reprise du secteur par les Français. Auparavant, elles sont baptisées par les Allemands « carrière G. » (G. Steinbruch), du nom du capitaine de réserve Giersberg, commandant le I.I.R. 57. Les abris qu'ils y ont aménagés, ils les ont appelés « galeries Giersberg » (Giersbergstollen). Une de ces carrières est occupée dès le mois de mars 1916 par un état-major régimentaire allemand. Le site est un relais pour les brancardiers qui transportent les blessés du ravin de la Fausse-Côte au ravin d'Hassoule par la piste appelé le « chemin des brancardiers » (Krankentrâgerweg). On a quelques informations sur l'état du site grâce au témoignage du chef d'escadron Alexis Callies qui commande le 1 gr./58 R.A.C. :

    « Lundi 29 janvier (1917) - Visite au P.C du régiment d'infanterie dont je suis soutien, à Carrières-Sud. C'est une ancienne carrière qui offre de très bons abris. Nos hommes les ont du reste approfondis et renforcés après le départ des Boches. Ils les ont surtout nettoyés. Les Allemands, quoi qu'on dise, sont infiniment moins délicats que nous. Comme Carrières-Sud est le seul point saillant et visible sur un plateau d'une certaine étendue, c'est un joli nid à obus. Plutôt que de se risquer au dehors les Boches préféraient utiliser comme feuillées et dépotoir des chambres souterraines qui dégageaient une odeur affreuse. Notre premier soin a été de nettoyer tout cela, y compris des cadavres enterrés à fleur de terre dans les abris, et d'y organiser à l'extérieur les locaux indispensables ... »

    Ce témoignage permet de savoir que le P.C. de la 245 brigade de la 123 D.I. s'y transporte le 31 janvier du même mois et le 1 février celui du 1gr./58e R.A.C. : le chef d'escadron Callies, commandant cette unité, se retrouve à 2 kilomètres en avant de ses batteries et complètement coupé en cas d'attaque :

    « Cette situation du commandant de l'artillerie près du commandant de l'infanterie est parfaite en cas d'offensive. Elle s'explique moins dans un secteur défensif. J'en fais l'observation. Ordre maintenu ».

    En définitive, sur le même lieu et à peu près au même endroit, sont regroupés les états-majors d'une brigade d'infanterie, d'un régiment d'infanterie et d'un groupe d'artillerie (celui-ci reste à cet endroit jusqu'au 16 mars). A proximité, dans des sapes, il y a aussi un poste de secours (Poste de Secours Alsace). En septembre 1917, il est occupé par des éléments médicaux de la 37 D.I. auxquels est rattachée la Section Sanitaire Automobile 32 (S.S.A.32) : celle-ci est composée d'ambulanciers volontaires recrutés aux Etats-Unis, appartenant au « service de campagne américain » (American Field Service) et dotés d'ambulances automobiles de marque Ford. Pendant 35 jours, cette section procède à des évacuations (3 040 militaires évacués), à partir de ce P.S. auquel il est possible d'accéder par une piste en madriers, planches et fascines après décembre 1916. Ultérieurement, le médecin-chef de la division déclarera :

    «... dans le secteur pénible de Bezonvaux, au Poste de Secours d'Alsace, ..., le dévouement des conducteurs de la section américaine fut unanimement remarqué et publiquement reconnu par une belle citation à l'ordre de la division ».

    En novembre-décembre suivant, c'est le poste de secours du 152 R.I. qui y est attesté, ainsi que la présence d'autres automobiles sanitaires appartenant à la S.S.A. 47 rattachée au service de santé de la 164 D.I, composée également de volontaires américains et dotée d'ambulances Ford. Non loin est aménagé un dépôt de matériels et dans une carrière proche un détachement de crapouillots. Le Zef mars de la même année a été « inauguré » le cimetière des Carrières-Sud qui, le 10, contient déjà 57 corps. Dans ce coin a été créé un dépôt de ravitaillement auquel peuvent accéder des camions grâce à la piste réalisée par le génie. A un kilomètre au nord des Carrières-Sud se trouvent les Carrières-Nord. Ce sont deux carrières proches l'une de l'autre, situées au nord de la cote 338,9, en lisière du bois Hassoule, juste en bordure sud du Chemin du Loup. Elles ne sont pas sur le territoire de Bezonvaux, mais à proximité immédiate de celui-ci sur la commune de Douaumont. Après décembre 1916, elles sont connues sous le nom de P.C. Lorraine et occupées par des P.C. régimentaires, en particulier par celui du 152e R.I.

     

    Des sites particuliers sur la commune

    P.C Alsace/Carrières-Sud (hiver 1916-1917) : Une messe; les hommes, dont la plupart ont conservé leur casque, sont rangés le long d'une paroi de la carrière, sans doute par sécurité; deux observent le ciel où tourne peut-être un avion.