• Le moulin de Bezonvaux est une installation implantée au bord du ruisseau, à 500 mètres en aval de l'agglomération, vers l'Est. Son origine est inconnue.
    Pendant une période indéterminée, il y a certainement deux moulins à Bezonvaux, puisque la formule « les moulins haut et bas » est attestée en 1664. Ces deux installations, servant pour Douaumont, Bezonvaux et Beaumont, sont soit un moulin à eau (le moulin bas) et un moulin à vent (le moulin haut), soit deux moulins à eau : un en amont du ruisseau et un en aval.
    En ce qui concerne ce dernier, le seul sur lequel on dispose d'informations, il existe une obligation pour tous les « bourgeois » et habitants des trois villages d'y faire moudre leurs grains. Bien sûr, cette utilisation s'effectue en acquittant une taxe de mouture s'élevant au 1/25e des grains apportés. Une amende de 5 francs est appliquée pour toute infraction à cette obligation. Par exception, les admodiateurs et les résidents de « La Caution » propriété sise à Bezonvaux et appartenant à l'abbaye de Juvigny, même s'ils doivent faire moudre leur grains dans ces moulins, sont exonérés de cette taxe. Pour fixer le montant des sommes à reverser aux propriétaires des droits attachés à l'installation, dont la communauté de Juvigny qui en percevra un tiers, un arrêté des comptes est établi annuellement et des contrôles sont effectués, par exemple:


    « L'an 1769, le 17 novembre, les 6 heures de relevé à la requête de Madame l'Abbesse de Juvigny, de Monsieur le Baron de Coussey et de Monsieur le Marquis de Nubécourt, tous les trois propriétaires de la banalité du moulin de Bezonvaux, Beaumont et Douaumont demeurant ordinairement en leur maison abbatiale et château de Juvigny, Coussey et Nubécourt par lesquels domicile est élu au greffe de la prévôté dudit Bezonvaux, je soussigné Etienne Thirion demeurant à Charny, Garde préposé pour la conservation de la banalité du moulin dudit Bezonvaux pour Bezonvaux, Beaumont et Douaumont... »


    Vers la fin du XVIII siècle, le moulin n'est pas en bon état ; son bâtiment menace ruine et le bief ne retient presque pas l'eau. L'été, il arrive que son bas niveau empêche la roue de tourner ; l'hiver, quand il fait très froid, la même raison produit les mêmes effets l'insuffisance d'eau et de courant n'empêche pas le ruisseau de geler et la machinerie ne peut pas fonctionner. Une étude effectuée en 1794 fournit les renseignements complémentaires suivants:


    « Il y a dans cette commune 1 moulin a eau appartenant à la nation dont le citoyen Jacques Jacquot en est le fermier actuel ... il fait ordinairement de la belle farine, en rend ordinairement quatre vingt dix huit livres par quintal non blutée. Ledit moulin ne peut moudre qu'un demi quintal par jour lorsque les eaux sont basses à raison que ce ne sont que ceux de la fontaine qui le font tourner ... et quand les eaux sont abondantes, il peut en moudre dix quintaux par jour ».


    Jusqu'en 1914, l'usage dans les familles rurales étant d'utiliser la farine produite localement, l'installation fonctionne pour les besoins de Bezonvaux et des environs.


  • En 1914, la ferme de Méraucourt ou Muraucourt est un ensemble de bâtiments situé à 700 mètres au sud-est de Bezonvaux, en bordure de la route se dirigeant du village vers Vaux et Damloup. Sept habitants y ont été recensés en 1904.
    La ferme est située sur l'emplacement d'un castrum 52 dépendant d'Ornes. Il semble que Méraucourt soit, au Moyen Age, une petite agglomération comprenant un château féodal, quelques maisons, une église et un cimetière. Il est possible que la localité ait disparu pendant la Guerre de Trente Ans. Au début du XVllle siècle, il ne reste qu'une grande ferme construite en carré, propriété des familles Buvignier et plus tard Sponville.
    Il convient de noter que cet endroit est le lieu de naissance d'un personnage jouissant d'une certaine célébrité en Italie au XVIh siècle : Nicolas Arnou dit Nicolas Arnou de Verdun (Nicolaus Arnou Virdunensis). Né à Méraucourt le 11 septembre 1629, orphelin, il est recueilli par un prêtre qui décèle en lui de grandes capacités intellectuelles et lui donne une solide instruction. Envoyé terminer ses études à Rome, il y devient le recteur du Collège de la Minerve. Après avoir publié des ouvrages de philosophie qui lui confère une grande renommée, il est nommé professeur à l'université de Padoue où il enseigne cette discipline et la théologie. Il meurt le 8 août 1692 à Bologne.

     

     

     Les principales constructions de Bezonvaux jusqu'au debut du XX siècle

    Portrait de Nicolas Arnou


  • A 750 mètres au sud du village, sur la hauteur entre le Fond du Loup et le ravin du Pré-Sud, est construit de 1889 à 1891 un petit ouvrage d'intervalle. Les travaux débutent réellement après l'achat en 1890 du terrain (5 ha 053 ares) à Jean Louis Jobert habitant à Verdun. Terrassiers et maçons prennent pension dans les agglomérations voisines, notamment à Bezonvaux.
    L'ouvrage fait partie de la série de ceux implantés à partir de 1887. Il est à peu près semblable à ceux de Châtillon, du Manesel, de Sivry-la-Perche, etc. Il a un jumeau : l'ouvrage d'Hardaumont. Il constitue, avec ceux de Josémont, de Lorient et du Muguet lesquels ne sont que terrassés entourant celui d'Hardaumont, un important centre de résistance en bordure de la croupe venant de Douaumont. Il s'inscrit donc dans une organisation améliorée en permanence jusqu'en 1914, ce qui a d'autres conséquences pour la commune. En 1890, Jean Louis Nivromont est exproprié d'une parcelle dans le cadre du projet visant à construire une route d'accès à l'ouvrage d'Hardaumont (qui est sur le territoire de Douaumont). Ensuite, en 1893, 1902, 1910, 1912 et 1913, différents terrains d'une surface allant de 3 à 57 hectares font l'objet d'une expropriation en vue de réaliser les déboisements nécessaires au dégagement de vues et de secteurs de tir entre le fort de Douaumont et l'ouvrage de Bezonvaux ainsi qu'à proximité de celui d'Hardaumont. Les terrains expropriés au détriment de la commune de Bezonvaux et de quelques propriétaires (Nicolas Gabriel, Charles Marchai, Jean Louis Nivromont, etc.) sont situés sur les lieux-dits Hardaumont (sur le territoire de Bezonvaux), La Quoiraille, bois d'Hassoule et La Vauche.
    Edifié pour servir de sonnette en avant de la ligne principale de défense, l'ouvrage de Bezonvaux est prévu en 1914 pour 1 officier et 65 sous-officiers et soldats (c'est-à-dire une section). Ouvrage d'infanterie à profil triangulaire, il est constitué pour l'essentiel d'une cour entourée d'un remblai gazonné ayant un développement de 140 mètres. Ce remblai offre une pente inférieure à 45° vers l'extérieur et, du côté intérieur, il est modelé en banquette de tir. Celle-ci transforme le périmètre de l'ouvrage en position de combat où les défenseurs debout, couchés ou agenouillés peuvent prendre place pour utiliser leurs armes à feu. Ultérieurement, après la dotation de l'infanterie française en mitrailleuses, aucune position spéciale n'est aménagée. Au cas où de telles armes viendraient renforcer la défense, elles seraient mises en batterie sur le parapet de la banquette de tir. Le remblai est d'ailleurs suffisamment haut pour assurer la protection d'hommes se tenant debout dans la cour, contre les vues de l'extérieur et les tirs rasants. Dans la cour sont implantés deux abris en superstructures. Chacun d'eux correspond à une salle sans ouverture autre qu'une porte. Ce local, large de 5 mètres, profond de 12 et haut de 3,5 se compose d'une voûte en béton, épaisse de quelques dizaines de centimètres et recouverte d'une couche de terre. La capacité de chaque abri est de 44 hommes couchés et 144 assis. Au nord-ouest de la cour existe un petit magasin en béton mesurant 2,5 x 2,5 mètres, partiellement enterré (sans doute une soûte à munitions). L'ouvrage ne comporte aucune installation telle que casemate, galerie souterraine, observatoire, etc. Il est entouré d'un réseau de fils de fer barbelés large de 20 mètres, dont les piquets sont enfoncés dans des dés en béton. Le réseau est placé dans une cavité ayant la hauteur des piquets, dont le fond est en pente légèrement montante, dirigée vers l'ouvrage. L'accès à la cour se fait de plein pied en traversant le remblai par un passage à bords francs, constitués par des murs en aile maçonnée. Sur ceux-ci s'appuie une grille ouvrante composée de barreaux sur laquelle est rapportée une plaque d'acier trouée de meurtrières. Au-delà de la porte, dans le mur de gauche, est creusé un renfoncement permettant à une sentinelle de s'abriter.
     

    Les principales constructions de Bezonvaux jusqu'au debut du XX siècle

    L'ouvrage d'intervalle de Bezonvaux : plan de masse initial


  • A partir d'avril 1914, un chemin de fer d'intérêt local relie Verdun à Montmédy par Vaux-devant-Damloup ; il traverse la commune de Bezonvaux à l'est de l'agglomération. A proximité de Vaux, se situe l'embranchement en direction de Commercy, avec une voie courant au pied des Côtes de Meuse. Ces lignes sont la concrétisation de projets qui ont mis plus de vingt ans pour se réaliser. La création de ce chemin de fer à voie métrique et ses conséquences (achat de terrains, réalisation des ouvrages, terrassements, travaux divers, appel à la main d'oeuvre locale disponible) ont sans doute eu des conséquences sur la vie de la commune. Toutefois, tous ces aspects n'ont laissé que peu de traces dans les archives et aucune dans les souvenirs.
    La décision de créer ce chemin de fer résulte d'un grand mouvement de construction de voies ferrées, entrepris à partir de 1879 et visant à desservir toutes les sous-préfectures françaises par une grande ligne et, à défaut, par des réseaux secondaires. La liaison entre Bar-le-Duc et Verdun par un chemin de fer surnommé « le Varinot » ne pose pas de problème : elle est terminée en 1893. La réalisation d'une autre liaison dans la Woëvre est beaucoup plus longue. Un avant-projet est demandé en 1887 par le préfet de la Meuse pour l'étude d'un trajet Verdun-Belleville-Fleury-Douaumont-Ornes. Ce tracé prévoit aussi un raccordement à hauteur de Vaux avec la ligne venant de Commercy par le pied des Côtes de Meuse. L'autorité militaire semble satisfaite puisque ce tracé serait, en cas de conflit, sous le contrôle des forces engagées en campagne mais aussi, pour une grande part, sous la surveillance et le feu des forts et des ouvrages. En outre, il permettrait de compléter la liaison militaire réalisée avec la voie de 0,60 m qui a l'inconvénient d'offrir des capacités de transport réduites. L'autorité militaire donne son accord définitif en 1904. En 1906, un industriel parisien nommé Laporte signe avec le préfet de la Meuse une concession approuvée le 7 juin 1907. Les travaux commencent mais Laporte abandonne et le département de la Meuse sollicite alors une importante compagnie, la Société Générale des Chemins de Fer Economiques, qui signe une nouvelle concession en 1913.

    Le tronçon Commercy-Fresnes-en-Woëvre (44 km) est mis en service le 28 février 1914, celui de Fresnes à Verdun par Vaux (36 km) le 21 mars suivant et enfin celui de Vaux à Montmédy (45 km) le 19 avril. La halte de Bezonvaux est ouverte le 25 du même mois. Le trafic des voyageurs comprend deux trains par jour dans chaque sens.
     

    Les principales constructions de Bezonvaux jusqu'au debut du XX siècle

    Bezonavaux : le tracé du chemin de fer à voie métrique sur la commune.