• L'agriculture en mutation

    Même si, globalement, l'agriculture est pratiquée sans modifications apparemment importantes, elle connaît à Bezonvaux, comme ailleurs, des changements au cours du XIXe siècle : ils concernent le choix des denrées cultivées, les méthodes, les matériels, etc.
    De 1850 à la Grande Guerre, la culture des céréales prédomine dans les travaux agricoles. Il y a d'abord celle du blé qui est d'un rapport global à peu près constant jusqu'à l'apparition des importations de semences américaines après 1850. Vient ensuite l'avoine, production dont les fluctuations sont dues aux hésitations des agriculteurs pour agrandir leur cheptel. La culture de l'orge augmente pour satisfaire les demandes des artisans brasseurs de la région (à noter que l'avant-dernier propriétaire du « château » de Bezonvaux est un brasseur : Victor, Joseph, Jules Cheneval ; toutefois, il n'y a pas de brasserie sur le territoire de la commune). Le seigle est en diminution.

    L'alimentation des chevaux et des bovins nécessite une grande quantité de fourrage. Comme l'élevage de ces derniers se développe au XIX siècle, il devient nécessaire de récolter plus de foin. Autrefois, on ne crée pas de prairies naturelles. La transformation d'un champ en pré se fait naturellement : on laisse le sol s'engazonner librement, ce qui donne des résultats aléatoires. Au début du XVIII siècle, les paysans ne croient pas trop à l'élevage intensif. Mais, en raison de la baisse du prix des céréales, les membres des premières sociétés agricoles sont encouragés à créer des prairies et à semer un mélange de luzerne, trèfle et sainfoin. Certains pratiquent déjà cette méthode depuis le début du XIX siècle. Les terres des environs de Bezonvaux, vallonnés et ayant un sous-sol calcaire, se prêtent à ce nouveau mode de culture qui procurent beaucoup d'avantages aux exploitants. En 1846, des primes sont octroyées par la Société d'Agriculture de la Meuse. En outre, la qualité du fourrage récolté sur ces prairies artificielles est jugé satisfaisante par les plus réfractaires : le foin obtenu à partir de ces plantes est de bonne qualité et permet, particulièrement l'hiver, de nourrir chevaux et ruminants ; le surplus peut être vendu à l'intendance militaire pour l'alimentation des chevaux de la garnison de Verdun. Surtout, après cinq années passées en prairies artificielles, les sols se prêtent bien à un retour à la culture céréalière et ils produisent des récoltes avec un excellent rendement.
    Pour cette forme d'agriculture, le XIX siècle est caractérisé par l'introduction du machinisme. En effet, des machines sont introduites en raison de la raréfaction et du coût de la main d'oeuvre. L'amélioration des techniques permet aussi de concevoir et de fabriquer des instruments plus performants. En 1828, la Société d'Agriculture de la Meuse ouvre un concours de charrues, deux types sont adoptés et, en 1833, plusieurs constructeurs sont en mesure de fournir un matériel de qualité aux agriculteurs. Un recensement donne pour 1882 un nombre de 16 000 charrues simples en fer. En 1840 sont introduits le hache-paille et le coupe-racines. Parmi les fabricants de matériels agricoles figurent les frères Louis, dont l'établissement est installé initialement aux Souhesmes et transféré à Verdun. L'amélioration des instruments aratoires et le développement de la mécanisation entraînent la diminution importante voire la suppression du bois dans l'outillage agricole. Ultérieurement apparaissent les faucheuses, râteleuses, moissonneuses-lieuses, rouleaux, houes et semoirs à traction animale. Les machines à battre, fonctionnant à partir d'un manège de 1 à 3 chevaux ou, plus tard, avec une locomobile, sont inventées. Ce système connaît un grand succès et, dans les exploitations où son emploi est rentable, le battage au fléau à main est abandonné. En 1852, on compte 5 000 de ces machines et elles sont plus de 10 000 en 1882. Il convient de noter qu'au cours des travaux de valorisation des ruines de Bezonvaux, des vestiges d'outillage agricole ont été retrouvés : deux socs de charrues, les dents d'une râteleuse, un moyeu de roue portant encore l'indication du constructeur : Louis Frères. Ces restes sont visibles en bordure du Chemin de la Mémoire.
    En ce qui concerne la pomme de terre, cultivée depuis le début du XVIIIe siècle, elle sert pour l'alimentation des hommes et des porcs. Sa production se stabilise vers 1850. La betterave n'est pas cultivée pour être transformée en sucre ; elle est utilisée pour l'alimentation des bovins. La culture du lin et du chanvre disparaît à la fin du XIX siècle.