• Les principales constructions de Bezonvaux jusqu'au debut du XX siècle

    Bezonvaux comporte deux édifices jouant un rôle pour la communauté villageoise (la mairie-école et l'église), un immeuble imposant (le "château" ), deux lavoirs et trois calvaires. A l'écart sont implantés un moulin et une importante ferme isolée.
    A la fin du XIX siècle, le village entre dans la défense de Verdun par la construction d'un ouvrage d'intervalle. Au tournant du XX siècle, il est concerné directement par le passage d'une voie ferrée.

  • Au moment où se déclenchent les hostilités de ce qui deviendra la Grande Guerre, la construction abritant l'école n'est pas la première dans l'histoire de Bezonvaux. On a déjà vu qu'en 1824, la municipalité a acheté une maison pour y installer une école et les travaux ont été réalisés trois ans plus tard. En 1886, la bâtisse est délabrée et il est décidé de la transformer. Or cette époque est caractérisée par d'importantes réformes portant sur l'enseignement primaire. La loi du 2 mars 1882 rend celui-ci obligatoire et gratuit. En conséquence, le personnel enseignant est rémunéré par l'État ; les communes n'ont plus à payer le traitement des instituteurs et les parents l'écolage. La loi du 30 octobre 1886 réserve l'enseignement dans les écoles publiques à un personnel laïc ; ultérieurement, les instituteurs reçoivent le statut de fonctionnaires. L'Etat se donne vingt ans pour appliquer intégralement ces mesures.
    Un projet en vue de construire un autre bâtiment à usage d'a école mixte publique » voit le jour à cette époque. Il sera implanté dans le jardin de l'instituteur. Le plan est établi pour 44 élèves : on y distingue l'estrade du maître, les bancs et, au centre de la pièce, le poêle. Les lieux d'aisance sont prévus dans un petit pavillon implanté entre la mairie et l'école ; son emplacement est encore visible dans les ruines du village, grâce à la présence de briques creuses rouges avec lesquelles il a été construit. Les travaux incluent également la restauration de l'ancienne bâtisse.
    Celle-ci a une double vocation : mairie et logement de l'instituteur. Cet appartement est composé de deux pièces et d'un cellier au rez-de-chaussée, plus deux autres pièces au premier étage. L'affectataire pénètre chez lui en empruntant un corridor aménagé sur la partie droite de l'immeuble. Les écoliers qui se rendent derrière celui-ci, dans la cour et dans le bâtiment de l'école, passent par un couloir situé à gauche. Pour la mairie est réservée une grande pièce du côté de la cour. On y accède par le couloir de droite.
    Au rez-de-chaussée prend également place une installation communale : le fournil, avec un four à pain et l'espace nécessaire pour réaliser certaines opérations préparatoires à la cuisson puis le défournage, ainsi qu'une bûcherie, c'est-à-dire une pièce pour stocker la réserve de bois. Ce four est prévu pour être utilisé librement par les habitants de l'agglomération. 

    Les principales constructions de Bezonvaux jusqu'au debut du XX siècle

    Diplôme d'honneur décerné en 1913 par le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts à Emile Richard, instituteur à Bezonvaux, pour sa participation au fonctionnement de cours d'adultes.

    Sauf à la fin du XIX siècle et pour quelques années seulement, aucun boulanger n'est établi dans celle-ci ; un puis deux dépôts de pain n'y sont créés qu'à partir de 1904. Jusqu'alors, l'usage est que chaque famille confectionne le pain destiné à sa consommation. Mais, toutes les maisons ou fermes n'ont pas un four permettant de cuire cet aliment. C'est la raison pour laquelle un fournil est aménagé dans la maison commune : la mairie-école. En principe, la farine destinée à la confection de ce pain provient de la culture locale du blé.


  • Le bâtiment voué au culte catholique et existant en 1914 date du milieu du XIXe siècle, époque à laquelle l'église du siècle précédent est reconstruite.

    Bezonvaux : La survie dans la mémoire

    Bezonvaux : des communiantes devant l'église, sans doute les années précédant la guerre; à droite, l'escalier descendant vers la Grande Rue

    En 1803, la paroisse de Bezonvaux est jumelée avec celle d'Ornes et, simultanément, l'exercice du culte reprend pleinement conséquence de la promulgation solennelle du 18 avril 1802 du Concordat, âprement négocié entre le Saint-Siège et le Premier Consul Napoléon Bonaparte puis signé le 15 juillet 1801. L'église de Bezonvaux est alors en mauvais état. En outre, elle ne comporte ni mobilier ni objets de culte : il est loisible de penser qu'à l'instigation de Bô, représentant pour le district de Verdun du Comité de salut public, elle en a été dépouillée en novembre-décembre 1793, comme tous les édifices religieux de cette région. En effet, en 1822, la municipalité intervient auprès du préfet de la Meuse pour obtenir le "strict nécessaire". En 1824, le conseil municipal prend une décision en vue de faire poser une horloge sur la tour de l'église ; les travaux seront effectués par Monsieur Grandjean, artisan à Fromezey. Le projet est agréé par le préfet le 18 septembre 1830. L'année suivante, des bancs sont confectionnés et l'autel est restauré.
    En 1846, le conseil municipal étudie un projet plus ambitieux, la réalisation d'un nouvel édifice religieux, car l'actuel « pêche par défaut d'étendue et de convenance » . La construction, entreprise en mai 1847, est terminée en mai 1848. Le bâtiment est implanté à la place du précédent mais orienté Nord-Sud au lieu d'Est-Ouest. Il est entouré par le cimetière, lequel est clos par un mur. La sortie vers la Grande Rue se fait par un escalier ; il faut alors franchir une passerelle, reconstruite en 1849, permettant de traverser le ruisseau qui court le long de cette voie.

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    Bezonvaux : façade de l'église au printemps 1916

    L'intérieur de l'église est décoré par quelques statues : une Jeanne d'Arc (offerte par les paroissiens en avril 1914), une Vierge, un Saint-Gilles (patron du village, dont la fête donnait lieu à des réjouissances le premier dimanche de septembre), un Saint-Nicolas, une Sainte-Scholastique et une Sainte-Claire d'Assise portant une monstrance (un ostensoir). Celle-ci, fêtée le 11 août, est en Lorraine la patronne des lavandières qui, autrefois, formaient une profession reconnue et indispensable dans la vie des communautés villageoises. La tradition veut qu'en 1241, la sainte ait brandi une monstrance devant les Sarrasins tentant de s'emparer d'Assise : à la vue de l'objet et de ce qu'il représentait, ceux-ci s'enfuirent. Quant à sainte Scholastique, la croyance populaire lui attribue le pouvoir de guérir certaines maladies infantiles, notamment les convulsions. Ce culte vient certainement du lien unissant Bezonvaux à l'abbaye de Juvigny. En 874, la reine Richilde, fondatrice de cette communauté, a obtenu de l'évêque du Mans qu'elle soit la gardienne d'une partie des restes de sa sainte patronne. De nos jours, ces reliques sont encore vénérés dans l'église paroissiale de Juvigny-sur-Loison.En 1885, celle de Bezonvaux est remise en état. C'est aussi l'année où deux cloches sont baptisées, le jour de Pâques, par l'abbé Erard du Petit séminaire de Verdun. L'une, la plus grosse, retrouve sa place à Bezonvaux : fêlée, elle a été refondue et accordée en sol par l'atelier Farnier de Mont-devant-Sassey. La plus petite, fabriquée par le même fondeur et accordée en la, est offerte par les paroissiens.
    Jusqu'à la Grande Guerre, l'église de Bezonvaux reste entourée par son aïtre; ce cimetière n'est pas transféré à l'extérieur de l'agglomération comme c'est souvent le cas depuis le XVIIIe siècle dans d'autres communes. Sur le côté ouest du mur elotûrant l'aître se trouvent trois maisons : au plus près celle d'un des charpentiers Grenette, à proximité vers l'Ouest celle dont la propriété est attribuée en 1830 au curé d'Ornes, Pierre Lemaigre (lequel est également chargé de Bezonvaux), et dont l'emplacement encore partiellement délimité par des restes de murs est actuellement visible, enfin celle du distillateur Joseph, Noël, Victor Cheneval, dont il subsiste les vestiges de la cave.

     

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    Bezonvaux : intérieur de l'église au printemps 1916 : une partie du choeur et le côté droit de la nef.


  • Autrefois, la plus belle maison d'un village est souvent appelée le « château ».

     

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    Bezonvaux : le "château" au début du XXe siècle; clôture et façade est (côté grande rue ) ; façade nord. 

    Bien qu'elle ne soit pas une construction à usage de défense ou un manoir, elle se distingue par son importance et la qualité de ses matériaux. En outre, ses occupants temporaires ou permanents sont presque toujours d'un niveau social supérieur à celui des autres habitants. En principe, cette propriété a succédé à une construction plus ancienne, laquelle était un véritable château, une maison forte ou un manoir. Tel était le cas de Bezonvaux.
    L'histoire du « château » de Bezonvaux est mal connue. L'attestation la plus ancienne remonte à 1252, avec la charte affranchissant Douaumont, Bezonvaux et Beaumont. On y relève que les personnes en cause, Thiebaut II de Bar, Thierry Cressant « saigneur de Bezonvaux » et l'abbesse de Juvigny, font mention d'un « Menoir a Besonual ».

     

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    BEZONVAUX : le "château" et ses environs en 1829.

    Une déclaration de propriété signée en 1582 permet de savoir que ce premier château est constitué d'une tour et de plusieurs bâtiments :

    « Je Jehan de Triconville escuier seigneur de Bczonvaulx, Doulmont et Beaumont ..., recognois tenir en fief ... tour dite anciennement la tour de Besonvaulx seize audit lieu avec les batisments tenant à icelle et despendements ».

    Une attestation postérieure, un marché passé en 1742 entre François de Cognon, baron de Bezonvaux ( "Seigneur dudit lieu " ), et des entrepreneurs permet de confirmer l'existence de cette tour, laquelle avait alors besoin de travaux. Cette tour est encore mentionnée dans le texte d'une information de commodo et incommodo demandée par arrêté du sous-préfet de Verdun en date du 29 janvier 1829. L'enquête menée par un architecte fait apparaître qu'en 1787 (à l'époque, après François de Cognon, le « château » est la propriété du comte Victor de Vergnette) existe " un château avancé d'une tour" et que, "quarante ans auparavant" (vers 1788/89), il y avait un « vieux château » sur la parcelle contestée, à l'origine de l'enquête. Le commissaire enquêteur donne des éléments supplémentaires relatifs au château et à la propriété correspondante au XVIII siècle :


    "Au dire des anciens et des opposons, et par la trace de fondation abc, il paraît que l'ancien château était situé vers le terrain ABCD que la Commune est d'avis de vendre, et qu'en 1788 il fut démoli et reconstruit où on le voit aujourd'hui. Les anciens ajoutent qu'avant cette même année 1788, le chemin d'exploitation de la contrée au nord du château était dans le ruisseau, comme cela a lieu au dessus de son cours, et qu'il servait de communication avec la commune de Douaumont ; qu'enfin soit par échange (dont il ne reste pas de titre), soit de son propre mouvement le propriétaire du château pour régulariser sa cour du côté du levant, et posséder les deux rives du ruisseau, avait fait construire le mur de clôture de la cour tel qu'il existe encore, abandonnant ainsi une partie du terrain où était situé l'ancien château au levant de la cour, s'emparant de la rive gauche du ruisseau et du terrain au nord jusqu'au mur de clôture, et déplaçant le chemin d'exploitation".

     

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    Bezonvaux : le "château"; façades nord et ouest ; à gauche, la dernière maison de la Grande Rue, appartenant à la famille Léonard.

    Le bâtiment construit à la suite de la démolition de 1788 est appelé « La Mansarde », sans doute en raison de ses combles mansardés, puis rapidement le "château" . Le recensement des biens effectué le 4 novembre 1792, à la suite de l'émigration du propriétaire, le comte de Vergnette, et conformément à la loi sur la vente de ceux des émigrés, mentionne "un château avec ses aisances qui en dépendent, un jardin, verger, potager, au total 3 jours et demi, une maison de ferme, jardin, potager, chènevière, le tiers d'un moulin à eau" . Puis, le "Registre seconde origine" , document dans lequel sont mentionnées des ventes de biens appartenant à des émigrés et des réquisitions, indique une telle opération pour ceux du comte de Vergnette au bénéfice de Messieurs Georgia de Verdun et Lajoux de Samogneux . En 1806, il est attesté que le "château" est devenu la propriété d'un certain Maucomble, avocat, qui loue un droit de chasse dans les bois communaux d'Ornes pour la période de 1806 à 1809. Entre-temps, la veuve du comte de Vergnette, Antoinette Labbé de Coussey, a entrepris des démarches pour récupérer ses biens de Bezonvaux ou obtenir une indemnisation équivalente ; l'issue de la procédure qui dure 35 ans est inconnue. Les derniers propriétaires sont, à partir de 1817, Victor, Joseph, Jules Cheneval, brasseur, ensuite sa nièce Madame Christine Cheneval Vve Trouslard, cohéritière avec sa soeur du précédent en 1902, puis seule propriétaire du bien l'année suivante. A l'époque de la Première Guerre mondiale, le « château » apparaît donc comme un corps de bâtiment une maison bourgeoise imposante, construite à la suite de la démolition de l'ancien château effectuée en 1788, avec une petite dépendance se trouvant à proximité. Ce bâtiment ne se rattache à aucun style particulier. De forme rectangulaire, il se compose d'un rez-de-chaussée surélevé sur des caves, d'un premier étage et de combles mansardés. Il est coiffé, à partir d'une corniche, d'un toit à pans inclinés ; celui-ci est recouvert d'ardoises, sauf dans la partie supérieure. Elles y sont remplacées par des tuiles mécaniques à doubles rainures, colorées en noir (actuellement, on en découvre des morceaux dans les décombres du bâtiment). De ce toit émergent quatre cheminées posées aux quatre coins. De nombreuses fenêtres éclairent l'intérieur, celles du rez-de-chaussée étant plus hautes que celles du premier étage et des mansardes. Un mur, datant de l'époque de la restructuration de la propriété (au moins vers le nord), l'entoure totalement, incluant la cour, le potager et le verger au nord ainsi que le jardin au sud. Il y a également un mur paraissant plus ancien qui part de l'extrémité ouest du corps du "château", passe derrière l'appentis à l'ouest de la cour et se termine contre le mur de clôture au nord en franchissant le ruisseau. Ce mur sépare également la propriété de la "place publique" située à l'ouest de la Grande Rue, sur laquelle il s'ouvre par une porte à double battant (une porte charretière) et une pour les piétons. Pour les fêtes et certaines réjouissances, cette place, agrandie depuis 1788 par le don à la commune d'une parcelle sur laquelle se trouvait une partie de l'ancien «château », sert d'espace de réunion à toute la population.

     

    Bezonvaux : La survie dans la mémoire

    Bezonvaux : le " château "; façade sud vue du Chemin de Verdun, conduisant de l'extrémité de la Grande Rue vers le Fond du Loup.


  • Bezonvaux : La survie dans la mémoire

    Bezonvaux : le lavoir Saint-Gilles reconstitué d'après les devis de 1905 ; l'extérieur vu du côté ouest.

    En 1914, Bezonvaux possède deux lavoirs identiques existant depuis une époque inconnue : le lavoir Saint-Gilles (dédié au patron du village) et le lavoir Maltus. La municipalité avait fait exécuter, en 1905, des travaux à leur profit : le premier a été reconstruit, le second restauré ; tous les deux avaient déjà été réparés en 1849.
    Le lavoir Saint-Gilles se trouve dans la partie occidentale de la localité, approximativement entre l'église et le « château ». Il est alimenté par l'eau du ruisseau dont le niveau, relevé par un barrage, permet de remplir convenablement le grand bac. Sa charpente est encore visible sur une photographie de l'église prise, au printemps 1916, depuis la cour du "château". Ce lavoir succède à une première installation qui ne devait pas être plus qu'une fontaine avec un bassin. Celle-ci n'est d'ailleurs pas supprimée et son emplacement est connu avec certitude puisqu'en 2003 le tuyau en plomb amenant l'eau et une partie du corps de la pompe sont retrouvés au cours de travaux.
    L'autre lavoir, dont il reste quelques vestiges inaccessibles, est implanté à l'est de la Grande Rue. Il est approvisionné en eau par la source Maltus qui se jette ensuite dans le ruisseau. A côté de ce lavoir existe la remise abritant la pompe à incendie et construite en 1849.
    Ces deux lavoirs, couverts et bien abrités, sont utilisés par les ménagères et les lavandières pour laver le linge.

     

    Bezonvaux : La survie dans la mémoire

    Bezonvaux : le lavoir Saint-Gilles reconstitué d'après les devis de 1905 ; vue en plan.

     


  • Le premier est la Croix des Rogations dressée dans la Rue Haute. Les Rogations, qui appartiennent au culte catholique, sont des prières publiques et des processions faites pour attirer sur les champs la bénédiction divine ; elles se déroulent en principe au mois de mai. Cette tradition vivace autrefois n'a pas entièrement disparu de nos jours. A Bezonvaux, à l'occasion de plusieurs fêtes religieuses, en particulier celle des Rogations, des processions partent de l'église et, chaque année jusqu'à la guerre, les habitants vont en priant de l'église à la Croix de la Rue Haute. Le montant vertical de cette croix a été retrouvé en 2002. L'objet tel qu'il a été remonté en 2003, à 300 mètres au nord de son emplacement initial, est composé d'un montant vertical, vestige de la croix d'origine dégagé des ruines, et d'un montant horizontal qui n'est pas d'époque. Son embase a été réalisée avec des pierres récupérées dans les décombres du village.
    Le second calvaire est la Croix Richier : elle se trouvait au nord du village, à l'intersection du chemin des Rousses et de la route Ornes-Damloup. Elle se dressait encore en 1916, quasiment intacte.
    Le troisième est la Croix du Vignot, implantée au sud-ouest de la localité, à un carrefour de chemins dont l'un mène à Verdun et Douaumont, à proximité de la pièce de vignes appelée Le Vignot (toponyme apparaissant encore sur certaines cartes).

     

     

    Les principales constructions de Bezonvaux jusqu'au debut du XX siècle

    Bezonvaux : la Croix Richier photographiée par un officier de la 21.R.D., sans doute dans le second semestre 1916.