• L'ouvrage d'intervalle

    A 750 mètres au sud du village, sur la hauteur entre le Fond du Loup et le ravin du Pré-Sud, est construit de 1889 à 1891 un petit ouvrage d'intervalle. Les travaux débutent réellement après l'achat en 1890 du terrain (5 ha 053 ares) à Jean Louis Jobert habitant à Verdun. Terrassiers et maçons prennent pension dans les agglomérations voisines, notamment à Bezonvaux.
    L'ouvrage fait partie de la série de ceux implantés à partir de 1887. Il est à peu près semblable à ceux de Châtillon, du Manesel, de Sivry-la-Perche, etc. Il a un jumeau : l'ouvrage d'Hardaumont. Il constitue, avec ceux de Josémont, de Lorient et du Muguet lesquels ne sont que terrassés entourant celui d'Hardaumont, un important centre de résistance en bordure de la croupe venant de Douaumont. Il s'inscrit donc dans une organisation améliorée en permanence jusqu'en 1914, ce qui a d'autres conséquences pour la commune. En 1890, Jean Louis Nivromont est exproprié d'une parcelle dans le cadre du projet visant à construire une route d'accès à l'ouvrage d'Hardaumont (qui est sur le territoire de Douaumont). Ensuite, en 1893, 1902, 1910, 1912 et 1913, différents terrains d'une surface allant de 3 à 57 hectares font l'objet d'une expropriation en vue de réaliser les déboisements nécessaires au dégagement de vues et de secteurs de tir entre le fort de Douaumont et l'ouvrage de Bezonvaux ainsi qu'à proximité de celui d'Hardaumont. Les terrains expropriés au détriment de la commune de Bezonvaux et de quelques propriétaires (Nicolas Gabriel, Charles Marchai, Jean Louis Nivromont, etc.) sont situés sur les lieux-dits Hardaumont (sur le territoire de Bezonvaux), La Quoiraille, bois d'Hassoule et La Vauche.
    Edifié pour servir de sonnette en avant de la ligne principale de défense, l'ouvrage de Bezonvaux est prévu en 1914 pour 1 officier et 65 sous-officiers et soldats (c'est-à-dire une section). Ouvrage d'infanterie à profil triangulaire, il est constitué pour l'essentiel d'une cour entourée d'un remblai gazonné ayant un développement de 140 mètres. Ce remblai offre une pente inférieure à 45° vers l'extérieur et, du côté intérieur, il est modelé en banquette de tir. Celle-ci transforme le périmètre de l'ouvrage en position de combat où les défenseurs debout, couchés ou agenouillés peuvent prendre place pour utiliser leurs armes à feu. Ultérieurement, après la dotation de l'infanterie française en mitrailleuses, aucune position spéciale n'est aménagée. Au cas où de telles armes viendraient renforcer la défense, elles seraient mises en batterie sur le parapet de la banquette de tir. Le remblai est d'ailleurs suffisamment haut pour assurer la protection d'hommes se tenant debout dans la cour, contre les vues de l'extérieur et les tirs rasants. Dans la cour sont implantés deux abris en superstructures. Chacun d'eux correspond à une salle sans ouverture autre qu'une porte. Ce local, large de 5 mètres, profond de 12 et haut de 3,5 se compose d'une voûte en béton, épaisse de quelques dizaines de centimètres et recouverte d'une couche de terre. La capacité de chaque abri est de 44 hommes couchés et 144 assis. Au nord-ouest de la cour existe un petit magasin en béton mesurant 2,5 x 2,5 mètres, partiellement enterré (sans doute une soûte à munitions). L'ouvrage ne comporte aucune installation telle que casemate, galerie souterraine, observatoire, etc. Il est entouré d'un réseau de fils de fer barbelés large de 20 mètres, dont les piquets sont enfoncés dans des dés en béton. Le réseau est placé dans une cavité ayant la hauteur des piquets, dont le fond est en pente légèrement montante, dirigée vers l'ouvrage. L'accès à la cour se fait de plein pied en traversant le remblai par un passage à bords francs, constitués par des murs en aile maçonnée. Sur ceux-ci s'appuie une grille ouvrante composée de barreaux sur laquelle est rapportée une plaque d'acier trouée de meurtrières. Au-delà de la porte, dans le mur de gauche, est creusé un renfoncement permettant à une sentinelle de s'abriter.
     

    Les principales constructions de Bezonvaux jusqu'au debut du XX siècle

    L'ouvrage d'intervalle de Bezonvaux : plan de masse initial