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    Bezonvaux, juin 1940 : In memoriam

     Bezonvaux est une commune française, située dans le département de la Meuse, région Lorraine. Elle fait partie du canton de Charny sur Meuse.

    Cette commune ne possède aucun habitant. C'est l'un des neuf villages français détruits durant la Première Guerre Mondiale qui n'a  jamais été reconsruit. A la fin des hostilités, il fut décidé de conserver cette communes, déclarée "Village Mort pour la France", en mémoire des évenements qui s'y étaient déroulés. La commune est aujourd'hui administrée par un conseil de trois personnes désignées par le préfet de la Meuse.



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    Le Village est traversé par le chemin départemental 24 qui relie Gremilly à Haudiomont en serpentant au pièd des côtes bordant la Meuse à l'Est de Verdun.

    La position géographique de Bezonvaux est 49°14'15" N 05°28'06" E.


  • Dans la région des Hauts-de-Meuse, les villages sont nichés sur les versants tournés vers le fleuve ou, à l'opposé, descendant en direction de la plaine. C'est le cas de Bezonvaux situé au pied des Côtes de Meuse, en bordure de la Woëvre, comme ses voisins Ornes (au Nord) et Damloup (au Sud). Le paysage des environs de Bezonvaux, constitués de hauteurs sauf vers l'Est, crevassés par des vallées et contrastant avec la plaine de la Woëvre à l'Est, est caractéristique du relief tel qu'il s'est formé au cours des différentes ères.
    En effet, la région de Bezonvaux, comme l'ensemble du département de la Meuse, fait partie du Bassin parisien dont l'élément essentiel du relief est la côte celle-ci est une brusque dénivellation entre un plateau dont l'altitude se tient vers 300-400 mètres et une plaine d'une altitude moyenne de 200-240 mètres ; au sommet de la côte, les pentes sont plus fortes et laissent parfois apparaître des escarpements de roches calcaires ; sur les flancs, elles sont moins prononcées. Ce relief résulte d'un processus d'évolution allant jusqu'au quaternaire. A l'ère primaire de même qu'à la suivante, cette région comme l'ensemble du Bassin parisien est recouverte par une mer peu profonde et les géologues classent les terrains qui se sont formés par sédimentation dans l'époque jurassique, une des quatre constituant le secondaire. Au tertiaire, trois éléments contribuent à la formation du relief de côte : la bordure orientale du Bassin parisien est affectée par la surélévation du massif vosgien, la mer qui recouvrait la région se retire puis l'érosion affecte les roches. Celles constituées de calcaire, plus résistantes, forment alors le relief des Côtes de Meuse. Avec une altitude généralement supérieure à 300 mètres (390 à Douaumont), ellesdominent la plaine argilo-marneuse de la Woëvre.

     

    Bezonvaux : La survie dans la mémoire

    Fossile de mollusque bivalve trouvé dans le ruisseau de Bezonvaux,
    en amont du village. 

    Certaines assises, souvent transformées en spath calcaire avec des veines siliceuses, renferment de nombreux fossiles, tel celui d'un mollusque bivalve de plus d'un kilogramme trouvé, il y a quelques années, dans le cours supérieur du ruisseau de Bezonvaux. Au quaternaire, alors que le climat est alternativement froid (périodes glaciaires) ou tempéré (périodes interglaciaires), la Meuse creuse sa vallée en fonction de la force du courant, dont la vitesse varie selon le niveau de la Mer du Nord. Actuellement, cette vallée paraît surdimensionnée car le fleuve a perdu son principal affluent : la Moselle. Le phénomène de ravinement et d'érosion se produit également un peu partout : il crée toutes les vallées et vallons visibles de part et d'autre des Côtes de Meuse.

    Ce relief de côte a un sous-sol composé de calcaires jurassiques plus ou moins marneux. Ils permettent l'infiltration des précipitations et deviennent de véritables réservoirs hydrauliques, d'où l'abondance des sources et des ruisseaux sur les pentes et en contrebas des Hauts-de-Meuse. C'est ainsi qu'en dépit des bombardements de la Grande Guerre qui ont bouleversé les sols, Bezonvaux, bâti au fond d'une vallée environnée de côtes, reste traversé par un ruisseau. II naît sur le territoire d'Ornes, au lieu-dit Source ou Fontaines de Fontenaux. Après avoir emprunté le ravin des Fontenaux, partie ouest du Fond des Rousses, son cours suit celui-ci, passant ainsi en un kilomètre et demi d'une altitude de 350 mètres à 250. Il parvient à la hauteur des premières maisons de Bezonvaux où il reçoit l'eau de la source Saint-Gilles, puis à l'extrémité orientale du village celle de la source Maltus. Continuant son chemin, il se jette dans le Ruisseau de Vaux après avoir parcouru seulement quatre kilomètres depuis son origine.


  • Sur le site de Bezonvaux, la présence de l'homme est certainement tardive, supposition qui ne peut être ni étayée ni contredite puisque aucune fouille n'y a jamais été effectuée. L'existence d'une « villa » dans une zone défrichée par les Gallo-Romains n'est qu'une hypothèse plausible. Si l'on s'en tient au raisonnement historique fondé sur des vestiges, il faut se contenter d'énoncer que ce village se situe dans une région où la présence humaine est ancienne et qui a connu un peuplement à différentes époques.
    Par exemple, sur un site localisé à Cumières, sur la rive gauche de la Meuse, distant d'une douzaine de kilomètres de Bezonvaux, l'habitat et la nécropole correspondant à une tribu vivant au début du néolithique sont découverts en 1877. L'inventeur en est Félix Lienard, conservateur du musée de Verdun, qui note toutes les caractéristiques physiques de ces ancêtres, en déduit leurs comportements et, grâce aux objets trouvés près de leurs restes, détermine leur façon de vivre. Sans entrer dans le détail de ces recherches, il semble probable que ces nomades déjà évolués, ayant creusé des abris dans le sable au bord du fleuve et également une fosse sépulcrale dans laquelle ils placent leurs morts, savent construire des radeaux. Ils peuvent traverser la Meuse à la recherche de gibier dans la forêt couvrant les Hauts-de-Meuse et ainsi chasser les derniers rennes, qui remontent vers le Nord en raison du réchauffement climatique.
    Autre exemple : plus tard, d'autres hommes, ceux de l'âge du fer, aménagent des tombes sous la forme de tumuli, à un jet de pierre de Montzéville, village situé à une quinzaine de kilomètres de Bezonvaux.
    Apparemment, il faut attendre le début de notre ère pour trouver dans les environs directs du site de Bezonvaux des traces humaines, celles correspondant à la civilisation gallo-romaine. Pour permettre les déplacements entre les grandes villes, des voies sont construites par l'occupant romain. L'une d'elle relie Senon, gros bourg gallo-romain, à Lochères, centre important de la Gaule occupée, situé près de la voie menant à Reims ; à hauteur de l'actuel lieu-dit Les Chambrettes, cette route croise celle venant de Marville. Un autel gaulois aurait été édifié près de ce qui fut le village d'Haumont. Ses anciens habitants racontaient qu'avant la Grande Guerre, il était possible d'en apercevoir les restes ; d'ailleurs, le musée de la Princerie de Verdun possède une statuette définie comme étant un objet de culte trouvé près de cet autel. Il est probable que les grandes invasions ont fait disparaître beaucoup de ce qui aurait pu constituer des indices matériels de la civilisation gallo-romaine. Cette disparition est imputable à d'autres actions. Par exemple, en 1775 Dom Cajot, un érudit verdunois, écrit que « la mémoire s'étoit maintenue à Verdun, d'un temple consacré aux Dieux Sylvains situé entre Douaumont et Damloup ». Or, quelques temps auparavant, des ouvriers effectuant des travaux à Douaumont, où est attestée l'existence d'un oppidum, mettent au jour une statue de Priape, dieu romain de la fécondité et de la fertilité, ainsi que quelques objets cultuels. Le curé de ce village, voulant faire disparaître un vestige rappelant un culte païen, ordonne leur destruction.
    Bien plus tard, en 1881, lors de la construction du fort de Vaux, des sépultures franques sont découvertes. On trouve des fibules, des plaques de ceinturons et plusieurs armes.


  • Bezonvaux trouve son origine dans le nom Bose, dérivé du germanique bôse (méchant). Cette étymologie conduit d'abord au souvenir d'un comte austrasien qui a vécu vers le milieu du Vie siècle : Gontrand Bose dit Boson. Celui-ci possède, entre autres, des territoires dans le Nord-Meusien, il est le conseiller du souverain franc régnant sur la Bourgogne : Gontran. Par ailleurs, il est l'ami d'Agericus, évêque de Verdun, connu sous le nom de saint Airy. Avec trois complices, Gontrand Bose trahit le roi Gontran et, en dépit de l'intercession de saint Airy, il est mis à mort.
    Trois cents ans plus tard apparaît la famille des Bosonides, une lignée issue des Bosons. A celle-ci appartient la reine Richilde décédée en 910 à Metz, seconde femme d'un petit-fils de Charlemagne, Charles le Chauve (823-877). Elle est la sœur de Richard le Justicier (mort en 921), dont un fils, Raoul (mort en 936), est duc de Bourgogne et roi de France (923-936) et un autre, Boson VII (mort en 935), est comte de Haute-Bourgogne et aussi abbé laïc de Moyenmoutier ainsi que de Remiremont. Ce dernier, allié tantôt au roi de France, tantôt à celui de Germanie, revendique des terres situées en Lôtharingie, dont il a hérité de sa tante. Il a aussi des griefs contre Dadon, l'évêque de Verdun : il le rend responsable de la bataille perdue le 13 août 900 sur la Meuse, face à des vassaux coalisés contre lui et soutenus par des prélats français ainsi que de la mort de son allié, le roi germain Zwentibolt. En 917, après avoir installé des troupes sur l'ancien oppidum gallo-romain de Douaumont, il attaque et incendie partiellement Verdun et sa cathédrale, détruisant toutes les archives, y compris le manuscrit du traité de 843. A cette époque, il fait construire un « manoir » sur le site de Bezonvaux, peut-être sur les ruines de la « villa » gallo-romaine, ce qui lui permet de quitter l'oppidum sans s'en éloigner. De là viendrait le nom de Bezonvaux : Bosonis villa (la villa de Boson), devenu Bosonval par croisement avec Bosonis vallis (le val de Boson) puis Besonval et enfin Bezonvaux.